En novembre 2016, une communauté de chanteurs lyriques irlandais appelait le tout puissant Arts Council d’Irlande à reconsidérer l’attribution des subventions afin que Dublin, à l’égal des autres capitales européennes, dispose d’une maison d’opéra. Leur voix a été entendue. 2018 marque la naissance de l’Irish National Opera avec à l’affiche de cette première année sept titres dont cinq nouvelles productions. Une tournée est également prévue dans treize lieux, en Irlande et au Barbican Centre à Londres. Le programme mélange habilement ouvrages plus ou moins contemporains – Powder Her Face, une reprise de The Second Violinist, un opéra de Donnacha Dennehy, Le Château de Barbe-Bleue – et tubes du répertoire – Le nozze di Figaro, Orfeo ed Euridice, Les Contes d’Hoffmann et même Aida !
« C’est une opportunité fantastique pour nous de créer quelque chose de nouveau », commente Fergus Sheil, le directeur artistique de la nouvelle institution lyrique irlandaise, « Il s’agit aussi de définir de nouveaux paramètres sur ce que l’opéra pourrait et devrait être. ». L’Irish National Opera a en effet l’intention de développer les compétences techniques nécessaires pour que les ouvrages lyriques puissent être représentés sous différents formats et dans différents espaces. « Nous faisons les choses différemment de tout ce qui a été fait auparavant en Irlande », poursuit Fergus Sheil, « Nous parlons de nouvelles façons de concevoir et de présenter l’opéra. Notre modèle signifie que nous pouvons adapter les œuvres à tous les lieux, de 200 à 2000 places ». L’Irish National Opera collaborera avec différentes formations orchestrales dont the RTÉ National Symphony Orchestra, the RTÉ Concert Orchestra, the Irish Chamber Orchestra ou encore the Irish Baroque Orchestra.
Il s’agit également de mettre en avant les chanteurs lyriques irlandais, dont certains disposent déjà d’une notoriété internationale tout en attirant de nouveaux publics, avec – défi suprême à une date encore non définie – une nouvelle production du Ring. Le cycle wagnérien n’a pas été représenté à Dublin depuis 1913. « Nous voulons bâtir notre propre audience et l’amener à découvrir les délices de Wagner, Strauss, Janáček et autres compositeurs », conclut Fergus Sheil. « Notre ambition est d’élargir le répertoire, de porter à l’affiche de grands ouvrages, d’augmenter le nombre de productions, et de proposer des opéras de la plus haute qualité à un public tant irlandais qu’étranger ». C’est également ainsi qu’à l’heure de la mise en œuvre du Brexit, l’Irlande s’affirme résolument européenne.