Après avoir remporté un triomphe mémorable avec un opéra tiré du Rêve de Zola en 1891, Alfred Bruneau se voit passer une nouvelle commande de la part de Léon Carvalho, directeur de l’Opéra-Comique, désireux de transformer l’essai. Le Rêve n’était en effet que le second opéra de Bruneau. Carvalho n’entend pas changer une équipe qui gagne et demande un nouveau projet commun entre Bruneau et Zola, avec le librettiste Louis Gallet. Leur choix commun se porte sur l’un des contes des Soirées de Médan, l’Attaque du Moulin, que Zola transforme lui-même pour le livret, versifié par Gallet. Carvalho réunit de nombreuses stars de l’époque, dont une certaine Georgette Leblanc, qui allait épouser Maeterlinck et se trouver quelques années plus tard au centre d’une virulente opposition entre Debussy, qui refusait qu’elle crée sa Mélisande, et Maerterlinck, l’auteur du livret de Pelléas, qui entendait l’imposer.
Point de tout ceci avec Bruneau, qui crée son nouvel opéra il y a 124 ans à la Salle Favart. Le succès n’atteint pas celui du Rêve, mais cette Attaque du Moulin reste aujourd’hui la plus célèbre de son auteur. Elle n’est cependant plus guère montée sur les scènes lyriques, bien qu’il en subsiste quelques extraits pour les récitals. Il en est ainsi de « Le jour tombe… Adieux forêts », que chante ici dans un vieil enregistrement le grand Georges Thill, qui incarne Dominique, lequel travaille au moulin aux côtés du meunier Merlier et qui va épouser la fille de celui-ci. Mais la guerre éclate et le moulin est attaqué par des ennemis. Dominique est arrêté et doit être fusillé pour avoir refusé de collaborer, mais il est sauvé par sa fiancée Françoise, aidée par la servante du meunier. Pour faciliter leur évasion, ils doivent tuer une sentinelle. La découverte du cadavre entraine des représailles : le capitaine des troupes ennemies fusillera le meunier si Dominique n’est pas retrouvé. Merlier accepte de se sacrifier et se laisse fusiller avant que les troupes françaises, que Dominique est allé rejoindre, ne reprennent le moulin à l’ennemi.