Créations tchèques : deux écrivains sinon rien

La littérature nourrit davantage l’opéra que l’opéra ne met en scène la vie des écrivains eux-mêmes. Soit. On ne vous apprend rien. Cela dit, les choses changent. Hasard du calendrier, Bohême et Moravie s’apprêtent à faire coup double. Honneur aux dames : d’abord connue pour le roman La Grand-mère, la militante nationaliste – et féministe – Božena Němcová (1820-1862) devient l’héroïne de Jsem kněžna bláznů [Je suis la princesse des fous], composé par Lenka Nota sur un livret de la documentariste Olga Sommerová. Une partition chambriste à entendre au théâtre Reduta de Brno le 17 novembre. Moins d’un mois plus tard, la capitale tchèque verra naître Don Hrabal, le nouvel opus de Miloš Orson Stědron consacré aux dernières années de Bohumil Hrabal (1914-1997). Du génial auteur de Moi qui ai servi le roi d’Angleterre, la brochure du Národní Divadlo nous assure qu’on ne nous montrera pas seulement la vieillesse diminuée d’un artiste rongé par l’arthrose – contrairement à la thèse officielle de l’accident, sa défenestration à l’hôpital pragois de Bulovka ressemble bien à un suicide –, mais le portrait d’un « mohican solitaire, d’un grand conteur, d’un palabreur spirituel ». Rendez-vous sur les bords de la Vltava le 14 décembre.