Chimène ou Le Cid d’Antonio Sacchini continue sa tournée triomphale en région parisienne, avec un arrêt à l’Opéra de Massy. Laurent Bury, dans son compte rendu de la première à Saint-Quentin-en-Yvelines il y a deux mois, avait souligné tout l’intérêt de la redécouverte d’une partition à la fois novatrice et attachante, même si l’œuvre n’a pas retenu les morceaux de bravoure de la pièce de Corneille, tout particulièrement en ce qui concerne le personnage de Rodrigue. Cela est d’autant plus curieux que l’opéra fait la part belle aux grands airs de solistes, fort bien défendus notamment par Agnieszka Sławińska (Chimène), Artavazd Sargsyan (Rodrigue) et Matthieu Lécroart (Don Diègue). En deux mois, la première paraît avoir amélioré sa prononciation française, alors qu’il reste encore bien du travail à Enrique Sánchez-Ramos (Le Roi). On est bien sûr subjugué par la belle voix d’Agnieszka Sławińska ainsi que par la prestation de Matthieu Lécroart.
L’astucieux dispositif scénique de Mathias Baudry est parfaitement adapté à une œuvre se déplaçant de salle en salle, tandis que les éclairages de Caty Olive transférés à Massy sont tout bonnement insupportables, avec leurs grandes boîtes à lumière inclinées vers la salle et pour couronner le tout une rampe entière de projecteurs orientés directement dans les yeux des spectateurs pendant un bon quart d’heure. Mais au total, quand on n’est pas aveuglé, un beau spectacle quand même, alertement mis en place par Sandrine Anglade et bien dirigé par Julien Chauvin qui entraîne les talentueux musiciens du Concert de La Loge (qui fut « Olympique » jusqu’à la stupide interdiction de l’emploi de ce mot par le comité olympique français).
Chimène ou Le Cid , Opéra de Massy, mardi 14 mars 2017, 20 h. Spectacle qu’il sera possible de voir à nouveau à Herblay les 25 et 27 mars prochains.