Nous connaissons bien Daniela Barcellona pour ses rôles de travestis rossiniens (Malcom de La Donna del Lago, Arsace de Semiramide ou encore le rôle-titre de Tancredi), ses héroines espiègles (Isabella de L’italiana in Algeri , Rosina du Barbiere di Siviglia, Mistress Quickly dans Falstaff). Le public a pu l’apprécier, notamment à Paris, dans des personnages moins sympathiques : Amneris d’Aida, Eboli de Don Carlo, la Princesse de Bouillon dans Adriana Lecouvreur. Le mezzo italien nous dévoile cette fois une nouvelle face de son talent avec sa prise de rôle en Dalila à Turin ce mois d’octobre. Elle y incarne à la perfection une séductrice sensuelle et envoutante, où son timbre chaud fait merveille. Scéniquement très à l’aise, elle n’hésite pas à se mêler aux danseurs dans une bacchanale particulièrement érotique. Seul bémol, une articulation du texte qui reste perfectible. A ses côtés, Gregory Kunde est un Samson proprement incroyable de musicalité et de projection, à l’aigu triomphant. Plus étonnamment, cette tessiture centrale ne semble lui poser aucun problème, comme si sa voix avait encore mûri. La production de Hugo de Ana offre un cadre d’une beauté à couper le souffle. Enfin, la réussite de la soirée n’aurait pas été complète sans la direction inspirée de Pinchas Steinberg qui fait respirer comme personne la sensualité de cette partition. Un sans faute.