A l’exception du Purcell revisité à la sauce jazzy par l’inénarrable Christina Pluhar, l’éclectisme de Philippe Jaroussky lui réussit plutôt bien et ses incursions dans la mélodie française (Opium et Green) comme dans la création contemporaine (Dalbavie, Giraud, Saariaho) contribuent sinon à banaliser, du moins à émanciper un instrument qui demeure encore largement associé au répertoire baroque. Seul artiste français invité le 29 juillet dernier au Royal Albert Hall de Londres pour une soirée d’hommage à David Bowie, le contre-ténor s’y produisait aux côtés, notamment, de Marc Almond, John Cale et Laura Mvula avec la formation berlinoise Stargaze, habituée du cross over.
L’arrangement du titre « Always Crashing in the Same Car » tiré de l’album Low (1977) que signait David Lang, avec accompagnement de harpe et de flûte alto, n’a pas convaincu le chroniqueur de la BBC, pour qui il ne fonctionne tout simplement pas, mais celui du Guardian salue l’audace de la démarche, qui réinvente entièrement la chanson, quand le journaliste du Telegraph confie avoir été surpris par la beauté du timbre et les sonorités chaudes de Philippe Jaroussky, non sans ajouter que David Bowie aurait certainement aimé cette réinterprétation pastorale de sa chanson. Si ce dernier ne s’aventurait guère dans le falsetto et déployait, au contraire, une « voix très grave, très enveloppante » pour reprendre les termes de Philippe Jaroussky au micro de Catherine Ceylac (les caméras de Thé ou Café l’avaient suivi à la Philharmonie de Paris, en avril 2015, lors de sa visite de l’exposition David Bowie is), la légende du glam rock repéra très vite Klaus Nomi et l’invita comme choriste lors d’un show télévisé en 1979 (Saturday Night Live).