Sur son premier album solo, il se mesurait crânement à Farinelli et à ses rivaux ; en juin, c’est Néron que David Hansen incarnera dans une nouvelle production du Couronnement de Poppée à l’affiche du Boston Early Music Festival qui monte, cette année, rien moins que la trilogie des opéras de Monteverdi. Un monde sépare évidemment la surenchère pyrotechnique où se miraient les castrats du siècle des Lumières du verbe de Busenello magnifié par le divin Claudio et cette prise de rôle semble rien moins qu’évidente. En réalité, David Hansen a déjà abordé le théâtre musical vénitien et l’enregistrement live du Giasone de Cavalli donné en décembre 2013 à l’Opéra de Pinchgut (2CD Pinchgut Live PG004) dévoile les atouts, mais sans doute aussi le talon d’Achille du contre-ténor d’origine australienne dans ce répertoire. Si les metteurs en scène exploitent sa plastique avantageuse et le déshabillent sans vergogne, la séduction, voire la fascination opère aussi les yeux fermés : David Hansen darde fièrement ou allège jusqu’au murmure un aigu incroyablement souple et confère à l’anti héros efféminé la plus affolante des sensualités. Nous imaginons sans peine quel Néron il pourrait camper grâce au magnétisme de son timbre et, sans nul doute, de sa présence, et en jouant habilement des contrastes entre un médium ombré et la lumière irréelle de son registre de soprano. Revers de la médaille, il pratique davantage le cantar recitando que le recitar cantando et l’intelligibilité du texte s’en ressent fréquemment. A défaut de pouvoir découvrir sa prestation au Théâtre de l’Université de Boston où il aura pour partenaire principale Amanda Forsythe, gageons que le spectacle, mis en scène par Gilbert Blin, sera repris en Europe, sinon enregistré comme le fut la Niobe d’Agostino Steffani.
Boston Early Music Festival : The Monteverdi Trilogy, du 7 au 14 juin. Renseignements