Avec le soutien de « Musique nouvelle en Liberté » — association créée en 1991 par Marcel Landowski sous l’égide de la Ville de Paris dans le but de faire entendre la musique contemporaine à un large public — on a pu, à l’invitation du chef Adrian McDonnel, découvrir en première exécution Ce que dit la forêt – Impressions symphoniques pour soprano et orchestre de Romain Dumas en complément d’un programme Mendelssohn et Beethoven au théâtre de la Cité internationale universitaire.
La partition, finement orchestrée, du jeune compositeur français évoque la majesté des forêts du monde avant de laisser à une voix de soprano le soin de restituer à travers un poème de Brigitte Maurin, la consternation des hommes primitifs devant les outrages infligés à ces sanctuaires créateurs de vie. Sous l’influence de Pan (incarnation de l’univers selon les grecs), un interlude instrumental très réussi sollicite la virtuosité de chaque pupitre pour recréer l’allégresse et les vibrations du milieu naturel magique qu’est la forêt. Ensuite, sur un poème de Théodore de Banville, c’est le chant qui déploie des harmoniques, cette fois empreintes de douceur et d’espoir. La pièce se conclut en laissant planer une mise en garde. Dotée d’une voix ample et sonore, d’un timbre clair lumineux et d’un tempérament dramatique affirmé, la soprano Hjördis Thébault a su exprimer le contraste entre les deux parties de cette œuvre en phase avec les menaces écologiques auxquelles nous devons faire face. La salle comble a réagi à cette création mondiale avec un enthousiasme perceptible. Mission accomplie.
Félix Mendelssohn, Les Hébrides, ouverture – Romain Dumas, Ce que dit la forêt – Impressions symphoniques pour soprano et orchestre – Beethoven Symphonie n°5 – Orchestre de la Cité Internationale universitaire de Paris, Samedi 7 mars 2015