Casanova est un séducteur qui, d’Alexandre Volkoff à Albert Serra en passant par Fellini, se prête à d’innombrables variations cinématographiques. Celles de Michael Sturminger sont les dernières en date. Elles donnent son titre au film qui occupe le réalisateur viennois depuis trois ans. A l’image de son héros, ce nouvel avatar du mythe a de quoi séduire. Le synopsis : les derniers jours de Casanova vieillissant confronté à une de ses anciennes maîtresses qu’il tente de reconquérir. Le procédé : cinéma dans l’opéra, opéra dans le cinéma, jeu de miroirs et mise en abyme comme autant de reflets de la personnalité trouble du libertin. Le décor : le Teatro Nacional de São Carlos à Lisbonne dont on se dit que les ors mériteraient une saison lyrique plus attractive. Une bande son signée Mozart. Une affiche où John Malkovich donne la réplique à Kate Lindsey, Anna Prohaska, Miah Persson et rien moins que Jonas Kaufmann…
Tout cela pourtant ne suffit pas à recommander ces Casanova Variations, en salle à partir d’aujourd’hui, mercredi 19 novembre. Si vous aimez l’action et les scénarios efficaces, préférez Interstellar. Si vous aimez Don Giovanni ou Le Nozze du Figaro, allez à l’opéra. Seules quelques miettes sont ici plus ou moins bien distribuées. Si vous aimez John Malkovich, restez-en aux Liaisons dangereuses de Stephen Frears. Casanova n’est que la resucée fatiguée de Valmont (tout comme Veronica Ferres s’applique à imiter Glenn Close). Même regard torve, même lippe humide, mêmes mots dits avec une gourmandise sans équivoque avec en moins les cheveux et, en plus, un « Deh, Vieni Alla Finestra » chevroté. Si enfin vous avez conditionné l’achat de votre ticket de cinéma à la seule présence de votre ténor préféré – Jonas Kaufmann – sachez qu’il occupe l’écran moins de cinq minutes, le temps d’un duel puis du trio « Soave sia il vento » extrait de Cosi fan tutte dans lequel il chante la partie de Don Alfonso, rôle habituellement confiée à un baryton, voire parfois à une basse. Cherchez l’erreur !