Heureuse coïncidence du calendrier, il y a un an jour pour jour, un 14 novembre, cette version de chambre de La Passion de Simone de Kaija Saariaho était créée à Bratislava en Slovaquie. Autant dire que pour cette coréalisation entre le Centre Lyrique d’Auvergne et la Comédie de Clermont-Scène Nationale*, Clément Mao-Takacs maîtrisait au superlatif son sujet à la tête de l’ensemble instrumental Secession Orchestra. Et même ses sujets puisque l’on retrouvait le timbre lumineux et sensible de Karen Vourc’h. La soprano traduit avec justesse ce mélange de conviction dans la projection et de pathétique dans le ton qui caractérise cet oratorio. De ce personnage complexe et émouvant qu’était Simone Weil elle parvient à donner l’illusion qu’elle en incarne le versant sensible et fragile sans occulter pour autant la dimension passionnée. La comédienne Isabelle Seleskovitch avec une égale précision dans la diction, lui répond en écho, exprimant l’autre facette toute de spiritualité de cette personnalité complexe, attachante et fascinante. Soutenue par les lumières tout aussi minimalistes d’Etienne Exbrayat, la mise en scène dépouillée et exigeante d’Aleksi Barrière traduisait au plus près l’intimisme teinté d’une subtile spiritualité du livret d’Amin Maalouf. Au sein de cet espace scénique, le chœur réduit à un quatuor vocal (la soprano Sayuri Araida, la mezzo Caroline Marçot, le ténor Johan Viau et le baryton Florent Baffi) prenait une densité et une présence que favorisaient les déplacements de chaque protagoniste.
*Clermont-Ferrand, Maison de la Culture, vendredi 14 novembre 2014, 20h