Né le 23 novembre 1933, le compositeur Krzysztof Penderecki a eu droit l’année dernière à un hommage national en Pologne. Le 23 novembre 2013, dans la salle Moniuszko du Théâtre Wielki de Varsovie, un concert de prestige réunissait quelques interprètes de haute volée : Anne Sofie Mutter jouait une pièce de 2010, le Duo concertant pour violon et contrebasse, tandis que Charles Dutoit dirigeait le Concerto grosso pour trois violoncelles et orchestre. La soirée s’était ouvert sur le célèbre Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima, œuvre du début de carrière de Penderecki, bien représentative d’une esthétique atonale à laquelle le compositeur devait par la suite tourner de plus en plus nettement le dos. Père de quatre opéras, le plus récent étant un Ubu roi créé en 1991 à Munich, Penderecki a aussi beaucoup écrit pour la voix, surtout d’amples pièces religieuses comme sa Passion selon saint Luc de 1965. Le morceau de résistance du concert-hommage de 2013, long d’une cinquantaine de minutes, était un Credo datant de 1997/98, avec le Sinfonia Varsovia dirigé par Valery Gergiev : s’il n’y remonte pas jusqu’à Mahler ou Richard Strauss, comme pour son grand cycle de mélodies pour solistes, chœur et orchestre Powiało na mnie morze snów (voir compte rendu), Penderecki se situe cette fois quelque part entre Honegger et Carl Orff, dans ce qui était une certaine modernité à l’époque de sa naissance. Quelques belles pages chorales ne suffisent pas à véritablement éveiller durablement l’intérêt, qui retombe lors des passages pour solistes. Et si un jour l’on rendait hommage uniquement au Penderecki des années 1960 ?
A Tribute to Krzysztof Penderecki, 1 DVD Accentus Music, ACC 20276, 106 minutes + 15 minutes de bonus (entretien avec le compositeur)