Le bruit des bottes des carabiniers (qui arrivent toujours trop tard) a fait courir tout Paris en 1869, avant que le peuple versatile ne reproche à Offenbach son défaitisme annonçant la défaite de Sedan. L’état d’esprit général n’est guère moins morose aujourd’hui, mais l’efficacité de l’œuvre reste intacte. Les carabiniers font toujours rire énormément, d’autant qu’ils ont une dégaine proche des gendarmes de Saint-Tropez. Les faux Espagnols sont irrésistibles. Quant aux détournements d’argent du caissier du duc de Mantoue, ils restent d’une brûlante actualité. La troupe d’amateurs et de professionnels Oya Kephale, qui défend avec brio depuis 1995 l’œuvre d’Offenbach, nous transporte dans un univers musical impeccable dirigé de main de fer dans gant de velours par Laëtitia Trouvé. Les solistes sont tous épatants, en particulier le Falsacappa de Benjamin Cantelé, Fiorella de Marion Reudet, Fragoletto de Blandine de Sansal, le caissier de Jean-Phililppe Poujoulat et le Gloria-Cassis de Matthieu Ségot. Mais les seconds rôles sont également parfaits, et les chœurs réglés avec minutie. Il émane surtout de l’ensemble une joie de chanter et de faire partager ce plaisir dont beaucoup de professionnels pourraient s’inspirer. Le public est conquis. Courrez donc vous aussi à Asnières applaudir ces Brigands, émules de Robin des Bois, puisqu’ils reversent tous leurs bénéfices à des associations caritatives.
Prochaines représentations au grand théâtre Armande Béjart d’Asnières-sur-Seine les 30 et 31 mai 2014.