« Luxueuse routine » maronnait notre confrère Christian Peter à la sortie de La Bohème reprise à l’Opéra de Paris jusqu’au 14 juillet avec pas moins de trois distributions. Il est vrai que la mise en scène de Jonathan Miller affiche près de vingt années de vol au compteur. Mais il suffit que le rôle de Mimi soit confié à Angela Gheorghiu pour que la soirée sorte de l’ordinaire. Absente de la première scène lyrique française depuis 2001, la soprano roumaine effectuait là un retour attendu, une sorte de galop d’essai avant Adriana Lecouvreur en juin 2015. Retour concluant si l’on en croit les applaudissements d’un public conquis et les commentaires élogieux entendus çà et là à la fin du spectacle. Evidemment, ce n’est pas la modestie qui étouffe cette Mimi, plus coquette que cousette. Mais la voix épouse avec volupté les inflexions d’une musique qu’elle sait caresser dans le bon sens du poil. Beauté du timbre, unique, luxuriant, luxurieux, et plus encore, art des nuances avec des notes subtilement filées dont le souffle se plait à prolonger l’effet. Son Rodolpho, Piotr Beczala, a aussi du sex-appeal à revendre, même si l’aigu parait souvent tendu. Ludovic Tézier (Marcello), Brigitta Kele (Musetta) et Ante Jerkunica achèvent de tirer vers le haut une soirée que la direction anonyme de Daniel Oren ne réussit pas, cette fois, à plomber. [Christophe Rizoud]
Giacomo Puccini : La Bohème, représentations avec Angela Gheorghiu (Mimi) et Piotr Beczala (Rodolfo) les 31, 4,7 et 11 avril (plus d’informations)