Est-ce de l’orgueil, de la vanité, ou simplement un peu de gourmandise ? La Monnaie placera sa prochaine saison sous le signe des sept péchés capitaux. Sous ces auspices prometteurs, la grande maison bruxelloise propose une saison riche et variée, beaucoup d’œuvres peu fréquentées et des créations. Et les rares incursions dans le répertoire le plus connu seront l’occasion de mises en scène qu’on annonce fort audacieuses : un Don Giovanni par Warlikowski et un Ballo in maschera par la Fura dels Baus. Toutes les autres productions sont des œuvres jamais jouées à la Monnaie, même si certaines font partie du grand répertoire. Daphné de Richard Strauss, anniversaire oblige, ouvrira la saison. On aura aussi un double spectacle Haendel avec Tamerlano et Alcina, dirigés par Christophe Rousset et mis en scène par Pierre Audi, et un triptyque d’œuvres en un acte de Rachmaninov tout à fait inédit sous cette forme. Commande de La Monnaie au compositeur, le Penthesilée de Pascal Dusapin, coproduit avec Strasbourg, se présente lui aussi comme un événement. Une nouvelle mise en scène par la sulfureuse Andrea Breth du Jakob Lenz de Wolfgang Rihm ne laissera sans doute pas les spectateurs indifférents. Autre originalité, Shell Shock, un spectacle entre danse et oratorio confié au compositeur belge Nicolas Lens pour la partie musicale et au chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui pour la partie scénique, célébrera le centenaire de la grande guerre. Quatre opéras en version concertante, huit récitals – dont les trois cycles de Schubert par Georg Nigl, Bo Skovhus et Nathalie Stutzmann – et neuf concerts symphoniques complètent cette ambitieuse programmation musicale.
Commentant la situation budgétaire de sa maison, toujours précaire, et le caractère de plus en plus indispensable de la culture en ces temps de crise, Peter de Caluwé citait Olivier Py : « Ne tolérons plus que l’esprit des affaires l’emporte sur les affaires de l’esprit ». A méditer… Programme complet sur www.lamonnaie.be. [Claude Jottrand]