« Faut-il jouer à Chat perché ? », s’interrogeait Laurent Bury à l’occasion de la reprise parisienne du spectacle lyrique « jeune public » Chat Perché, Opéra rural. Au contraire de notre confère, nous répondons oui. Trois fois oui.
La partition de Jean-Marc Singier n’est pas simple mais les sonorités ludiques de sa « fanfare » – cuivres et percussions pour l’essentiel – emportent l’adhésion.Les musiciens de l’ensemble 2E2M, déguisés, nous y régalent de querelles de basse-cour assez drôles. Ils participent à la narration, très fidèles au texte ciselé de Marcel Aymé
La langue classique de l’écrivain – merveilleuse – pourrait décourager l’attention d’une partie du public si le plateau réunit par Caroline Gautier n’associait pas les artistes les plus divers, insufflant décalage et fantaisie à l’ensemble : Delphine et Marinette – Camille Revol et Florence Peyrard – sont danseuses contorsionnistes ; la panthère est incarné par Salomon Baneck-Asaro, danseur de hip hop qui fait sensiblement monter la température par son animalité sensuelle et les chorégraphies réglées par Dominique Boivin sont aussi belles que simples.
Cinq chanteurs lyriques sont présents sur le plateau dans les costumes pleins de fantaisie de Sylvie Skinazi. Il faut saluer l’incarnation drolatique de Marc Molomot en cochon au régime, se drapant dans un chapelet de saucisses comme dans un boa. Le canard globe-trotteur de Sonia Bellugi est tout aussi réussi, la voix est pleine et bien timbrée, dommage que la diction ne soit pas plus précise. Robert Expert compose quant à lui un paon de rêve, dont le timbre de contre-ténor est d’un velouté réjouissant, très homogène sur tout l’ambitus.
Spectacle total – dansé, chanté, joué – cet opéra rural réussit, apparemment à Rennes mieux qu’à Paris, a distraire les enfants. Les adultes aussi. [Tania Bracq]
Prochaines représentations : Angers / Grand Théâtre, dimanche 23 février 2014 à 14h30, mercredi 26 février 2014 à 15h