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A l’égal de Jordi Savall, même si sa notoriété n’est pas comparable, Luis Antonio Gonzalez et son ensemble Los Musicos de Su Alteza défrichent avec patience et soin le répertoire baroque ibérique. Sous l’intitulé « Musique à la Cour d’Espagne », avant de se produire à Gand, ils faisaient étape à Dijon où l’on affichait complet. Assurée au clavecin ou à l’orgue, avec un violoncelle baroque, la basse continue s’enrichit d’une harpe, baroque elle aussi, qui lui confère une couleur très particulière. Torres, Cabanilles, Duron, Valls, Martin y Coll et Martinez de la Roca nous ont laissé de belles pages défendues ici avec conviction par Olalla Aleman, soprano à la voix chaude, avec un splendide médium. On aimerait l’écouter aussi dans Cavalli et ses contemporains italiens. Le concert s’achevait par l’aria finale d’une cantate longtemps attribuée à Haendel, qui n’en était que le copiste. Les pièces retenues, toutes profanes, appartenant au début du XVIIIe siècle traduisent la richesse et la variété des influences subies par une Espagne convoitée par les puissances européennes, rivales. Ces œuvres pratiquement inconnues, et cet ensemble rare, qui ne se produit guère que dans les festivals spécialisés, ont rassemblé un public nombreux qui n’a pas mesuré ses ovations. [Yvan Beuvard]
Musique à la cour d’Espagne. Los musicos de Su Alteza. Olalla Alemán (soprano), Pedro Reula (violoncelle), Manuel Vilas (Harpe baroque espagnole), Luis Antonio González (clavecin, orgue, direction musicale). Dijon, mercredi 29 janvier 2014