Il faut manger pour chanter ! C’est avec cette déclaration à contre-courant de la tendance actuelle que Kiri Te Kanawa jette un pavé dans la mare lyrique. « Il faut des kilos pour atteindre les notes les plus aigües », explique dans The Independent la soprano néozélandaise, précisant que si elle n’a jamais été obèse quand elle se produisait sur scène, elle n’était pas mince non plus. Puis Dame Kiri de dépeindre les starlettes du Met, affamée, condamnée par le diktat de l’image à une taille mannequin qui s’avère contraire aux exigences du chant. Reste à savoir si notre cantatrice, quel que soit son immense talent, aurait eu le même succès avec un physique moins avenant. Sa présence dans le Don Giovanni de Losey, auquel elle doit une part de sa popularité, aurait-elle été possible si elle n’avait pas été aussi photo que phonogénique ? Faut-il rappeler le cas de Maria Callas dont la silhouette de sylphide, suite à un régime dont on n’a jamais percé le secret, a indéniablement contribué au rayonnement. Certains disent qu’elle y a laissé sa voix, d’autres affirment le contraire. La discussion est encore d’actualité. [Christophe Rizoud]