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Frustrés de ne pouvoir révéler au public autant d’œuvres rares qu’ils le voudraient, les collaborateurs réguliers de Mireille Larroche à la Péniche-Opéra ont décidé de les donner dans une formule plus souple et moins coûteuse : le concert-lecture. Cette fois, leur choix s’est porté sur Le Peintre amoureux de son modèle, d’Egidio Duni (1709-1775), compositeur napolitain établi à Paris en 1757, et c’est de cette même année que date l’opéra-comique proposé les 24, 25 et 26 mai dernier. De Duni, on avait jadis pu voir La Fée Urgèle, un charmant spectacle monté par Jean-Marie Villégier et dirigé par Christophe Rousset en 1991, d’abord Salle Favart, puis en tournée à travers la France. Sans être renversante, la musique du Peintre amoureux inclut quelques beaux airs et ensembles, surtout au deuxième acte. L’intrigue réunit deux couples, le modèle Laurette, le peintre Alberti, son élève Zerbin et sa gouvernante Jacinthe ; deux sopranos et deux ténors, le contraste étant néanmoins souligné par l’opposition entre Jean-François Lombard, plus proche du haute-contre à la française, et Christophe Crapez, maître d’œuvre de l’opération, et entre Salomé Haller, qui aborde de plus en plus des rôles proche du mezzo, et Magali Léger, qui semble avoir trouvé son terrain d’élection dans ce répertoire de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Partitions disposées sur des chevalets plutôt que des pupitres (nous sommes dans l’atelier d’un peintre, après tout), réduction pour quatuor à cordes, mise en espace astucieuse, voilà peut-être une solution aux éternels problèmes financiers des maisons d’opéra. [Laurent Bury]