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Kurt Masur a toujours eu des affinités avec Brahms ; on attendait avec impatience son Requiem allemand. Las ! Souffrant et contraint de déclarer forfait, l’ancien directeur musical de l’Orchestre National de France était remplacé hier soir par Christoph Eschenbach, que l’on était plus habitué à entendre à la tête de l’Orchestre de Paris. La bonne entente avec les musiciens de Radio-France semble pourtant évidente, malgré des cordes qui manquent toujours de densité. Surtout face aux chœurs préparés par les soins de Michael Alber (Chœur de Radio-France) et Sofi Jeannin (Maîtrise), particulièrement homogènes et puissants dans une œuvre qui leur demandent tout : virtuosité, nuances, souffle, éloquence. Un Requiem allemand, c’est aussi des solistes : si Ruth Ziesak ne peut montrer, dans la première phrase de « Ihr habt nun Traurigkeit », le souffle d’une Janowitz, d’une Gruberova, elle parvient au fur et à mesure à délivrer un chant plus épanoui et plus sensible. Plus détendu, Matthias Goerne est l’orateur que l’on sait ; c’est moins à ses Schubert qu’à ses Bach qu’il faut se référer pour comprendre tout ce qu’il apporte en galbe vocal, en legato, en retenue, en un seul mot en style, à ces pages sacrées. [Clément Taillia]
Un Requiem allemand, 28 mars 2013, Théâtre des Champs-Elysées