Non ! C’est avec cette injonction une peu provocatrice que la Monnaie présentait ce mercredi sa prochaine saison, placée sous le signe de la révolte. Soucieuse de varier les angles d’approche et de présenter un large panorama des esthétiques de notre temps – plutôt que d’en défendre quelques unes – la grande maison bruxelloise, qui veut rester à l’avant-garde des scènes lyriques européennes, mise sur une nouvelle génération de metteurs en scène, de chanteurs et de chefs. Plusieurs d’entre eux sont aussi des habitués de la maison. On retrouvera donc par exemple le metteur en scène italien Romeo Castellucci pour Orphée et Eurydice de Gluck, Olivier Py pour Hamlet d’Ambroise Thomas, ou Robert Carsen pour Rigoletto, chacun représentant une esthétique différente. Et à côté du nouveau directeur musical de la maison Ludovic Morlot, séviront aussi les baguettes de Marc Minkowski, Hervé Niquet ou Patrick Davin.
Au chapitre des créations, on découvrira avec plaisir une nouvelle œuvre de Philippe Boesmans, Au Monde, d’après une pièce de Joël Pommerat. La programmation balaie donc aussi tous les styles, du baroque de Purcell (King Arhur) jusqu’à la création contemporaine, en passant par Mozart (Clémence de Titus) ou Janacek (Jenufa).
« La conscience vient toujours avec la révolte » ; citant Albert Camus, Peter de Caluwe a mis en exergue quelques productions phares parmi les douze qui émailleront sa saison, et qui toutes placent la révolte, celle qui sévit au sein même du pouvoir, au centre de leur sujet. Il y a toujours un homme révolté et prêt à en découdre avec les représentants du pouvoir pour faire parler sa part d’humanité ou tâcher d’inverser le cours de choses. Le directeur de la Monnaie, défendant âprement ses budgets face aux mesures de restrictions, aurait-il trouvé dans ces livrets une inspiration pour ses propres combats ? Programme complet sur www.lamonnaie.be. [Claude Jottrand]