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Un Requiem de Mozart au goût de révolte

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Brève
19 mars 2013
Un Requiem de Mozart au goût de révolte

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C’est un cri de révolte que ce Requiem K.626 qui s’est imposé dès l’Introït dimanche en l’église des Minimes à Clermont-Ferrand. Vision pourtant on ne peut plus mozartienne que celle de l’homme debout face au scandale de la mort, affrontant seul l’absurdité du néant dans un Rex tremendae qui retentit comme une mise en demeure. Avec son sens acéré et méthodique du phrasé choral et de la plastique orchestrale, et cette farouche volonté d’atteindre à la quintessence de la lumière harmonique, Pablo Pavon à la tête du Chœur et de l’Orchestre Musica Mediante réhabilite la figure du Don Giovanni défiant la statue du Commandeur. Il y a aussi de la lutte de Jacob avec l’ange dans sa direction traversée de véhémence, notamment dans un Dies irae, gagnée par une salutaire fièvre protestataire ! Debout, Pavon interpelle le Divin. Mozart mais aussi Dieu. On est davantage dans la verticalité du cri et la fureur de l’impatience que dans la ferveur et la soumission au sacré. Le très charismatique conducteur de Musica Mediante nous dit que dans son impressionnante minéralité le testament mozartien est d’abord un manifeste d’une incroyable liberté assumée face à l’injustice du destin. Tout se joue sur la formidable respiration du chœur, d’une rare incandescence dramatique, à laquelle répondent la dynamique des cordes et l’éclat fruité des trompettes. Dans ce contexte il s’agissait tout autant pour les solistes d’affirmer leur personnalité propre que de respecter la progression dramatique voulue par Mozart dans l’équilibre de l’édifice sonore. Rien dans la pureté extatique du soprano d’Angélique Pourreyron, la saisissante autorité des graves d’un Philippe Cantor, la juste intensité de l’alto de Catherine Cardin et l’authenticité du ténor jamais appuyée de Patrick Garayt ne vint trahir cette lecture d’un profond humanisme. Manifestement pour Mozart la liturgie n’est qu’un prétexte et ses interprètes l’ont bien compris ainsi. [Roland Duclos]

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