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Qui se cache derrière Carlotta Delmont, cette cantatrice imaginée par Fanny Chiarello dans son nouveau roman, Une Faiblesse de Carlotta Delmont ? Diva parmi les plus talentueuses au monde, ayant « abordé les rôles les plus marquants du répertoire et concouru à remettre au goût du jour quelques œuvres qui n’avaient pas été jouées depuis des décennies », rivale de Marisa Vincent dont le chant apparaît aussi angélique que le sien est dramatique, sinon mariée, du moins en ménage avec Gabriel Turner, son imprésario, de plusieurs années son aîné… Faut-il poursuivre ? C’est évidemment Maria Callas qui a servi de modèle à l’écrivaine pour composer le portrait de cette mezzo-soprano, devenue soprano à force de travail, qui connaît son « premier véritable triomphe » dans le rôle d’Elvira d’I Puritani. Heureusement, passés les premiers chapitres, la fiction finit par s’émanciper de la réalité et le récit trouve son rythme de croisière, à l’image du paquebot qui ramène la diva déchue à New York, désormais seule face à son destin. De cette personnalité exceptionnelle, un auteur en quête de succès, tout aussi fictif, fera une pièce de théâtre que, par un jeu de miroirs original, Fanny Chiarello offre également à découvrir. L’occasion d’interroger une nouvelle fois les frontières fragiles qui séparent tant l’art de la vie que l’artiste de l’homme (et en l’occurrence de la femme). [Christophe Rizoud]
Fanny Chiarello, Une faiblesse de Carlotta Delmont. Editions de l’Olivier. Février 2013.