Septembre à Paris était le mois de Robert Carsen, Octobre sera celui d’Olivier Py. Alors que la reprise de The Rake’s progress au Palais Garnier triomphe (voir recension), Miss Knife, le double travesti du nouveau directeur du Festival d’Avignon, investit l’Athénée jusqu’au 27 octobre. Les points communs entre ces deux spectacles ? Les thèmes chers à Olivier Py : la fuite du temps, la désillusion, le rêve, le sexe, la mort. Un univers noir, comme le décor choisi pour l’opéra de Stravinski, comme la nuit dans laquelle s’ébat et se débat Miss Knife. Après un premier tour de chant en 2007, la diva revient, moins « music-hall », plus « cabaret », entourée de quatre musiciens interpréter des chansons dont elle a écrit les textes et Stéphane Leach (par ailleurs au piano) composé la musique avec la complicité de Jean-Yves Rivaud. Leurs titres suffisent à peindre le décor : « Ne parlez pas d’amour », « Châtiment de la nuit », « L’éternité », « Tous coupables », « Les amours sans promesse », « Le paradis perdu », « le tango du suicide »… Robe en strass, collants rouges, perruques blondes qu’elle arrache vite, silhouette d’ange déchu, perchée sur des talons si hauts qu’ils fractionnent sa démarche, Miss Knife exhale ses textes d’une voix qui évoque à la fois Juliette Greco et Barbara. La chair est parfois triste, souvent drôle. La musique, à la limite du bastringue, n’a rien de lyrique mais l’opéra n’est pas si loin : dans une ou deux vocalises qui lorgnent au-dessus de la portée mais surtout, dans ce mythe de la diva neurasthénique qu’Olivier Py incarne avec une cruauté supérieure. Seul hic, la nuit, tous les chats et tous les chants sont gris, le one drag queen show dans la deuxième partie ne renouvelle pas assez son propos.Comme le chante Miss Knife, « la vie est brève et le temps passe », parfois à peine assez vite. [Christophe Rizoud]
Miss Knife chante Olivier Py. Olivier Py (chant), Stéphane Leach (piano), Julien Jolly (batterie), Olivier Bernard (saxophone, flute, clarinette), Stéphane maire (contrebasse), Athénée-Théâtre Louis Jouvet, jusqu’au 27 octobre 2012.