Suggérer que la soprano Liliana Faraon et le baryton Ivan Geissler dans les Cantates BWV 82, 202 et 32 méritaient en ce jeudi 26 avril un sort plus enviable que l’acoustique réverbérante de l’église Saint-Genès-les-Carmes relève d’un doux euphémisme. Il est plus que temps que Clermont-Ferrand rouvre son petit bijou d’opéra à l’italienne inspiré par Charles Garnier et fermé depuis 2007 (!) pour travaux. Le Centre Lyrique d’Auvergne devra patienter deux ans, encore… Mais, tout compte fait, ce fut un judicieux parti pris que Geissler fasse montre d’un phrasé sensible, nourri d’expressivité subtilement contrôlée. A l’émotion jamais galvaudée répond une ligne dramatique empreinte d’une sereine spiritualité. Toujours dans la Cantate 32, Liliana Faraon célèbre d’un même élan recueilli son chant de « L’Âme » où la douleur ne prend jamais le pas sur l’espoir. Les aigus s’élèvent dans la lumière d’un timbre naturellement coloré. Les tenants d’une théâtralité plus soutenue auront regretté cette ligne commune aux deux protagonistes plus marquée d’intimisme que d’engagement vocal. Mais cette relative intimité d’intention plus que de ton, épouse la direction d’un Patrick Ayrton attentif à mettre en valeur la finesse contrapuntique de ces cantates à la tête de l’ensemble Les Inventions où l’on retiendra également les performances virtuoses du hautboïste Guillaume Cuiller et de la violoniste Daniela Helm. [RD]
Johann Sebastian Bach, cantates BWV 82,202 et 32, église Saint-Genès-les-Carmes, jeudi 26 avril à 20heures ; Liliana Faraon soprano, Ivan Geissler baryton, ensemble Les Inventions dirigé par Patrick Ayrton clavecin et orgue ; Daniela Helm et Marie Rouquié violons, Guillaume Cuiller hautbois, Jacek Kurzydlo alto, Felix Knecht violoncelle, Love Persson violone.