Certains de nos lecteurs se rappellent peut-être encore l’époque, il y a un demi-siècle à peine, où Aïda était encore donnée à l’Opéra Garnier dans les décors de la création en 1880. Ces temps sont révolus, et l’on ne s’en plaindra pas. En revanche, les 30 et 31 mars, l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille accueillera une fascinante entreprise d’archéologie théâtrale : la recréation à l’identique du premier tableau de l’Acte III des Maîtres-Chanteurs de Nuremberg dans la production donnée en 1897 à l’Opéra Garnier. Dans le cadre d’un projet mené par la Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale, Rémy Campos et Aurélien Poidevin ont recréé décors et costumes, la mise en scène a été repensée par Alain Zaepffel, et le texte est évidemment celui de la version française élaborée par Alfred Ernst. Seule différence, mais de taille : les chanteurs ne sont pas accompagnés par un orchestre, mais simplement par une réduction pour piano interprétée par Anne Le Bozec. Aux côtés de Didier Henry en Hans Sachs, on entendra de jeunes chanteurs pour la plupart formés en Suisse : Valério Contaldo en Walther, Leana Durney en Eva, Marcos Garcia en Beckmesser, André Gass en David et Elsa Barthas en Madeleine. Et le samedi 31, de 10h à 17h30, une journée d’étude abordera en détail les rapports de Wagner avec l’Opéra de Paris. Pour mémoire, on précisera que lesdits Meistersinger, donnés en concert à l’automne 2003, n’ont plus connu de version scénique à l’Opéra de Paris depuis les représentations de Garnier en 1989 (production Herbert Wernicke). [LB]