Haydn est décidément à la mode en ce moment dans les théâtres parisiens. Après Lo Speziale
(L’Apothicaire) au théâtre Artistic Athévains (voir brève) et avant Orlando paladino au Châtelet, voici Le Monde de la Lune, d’après Goldoni (7e opéra sur 13, créé en 1777 à Eszterazha). Déjà, Cyrano de Bergerac nous décrivait les états et empires de la Lune ; puis Bélise, dans Les Femmes Savantes, y repérait à défaut d’hommes, des clochers… ; Goldoni, par la bouche de Clarice, nous confirme « Combien de gens soupirent de voir ce qu’est la Lune » ; à sa suite, Jules Verne, Offenbach puis Méliès s’emparent du mythe. Le premier pas de l’Homme sur la Lune (20 juillet 1969) ne rompt pas le charme, au point que les réservations pour le prochain vol se vendent comme des petits pains, même si la date n’en est pas encore fixée… C’est dire la richesse infinie du sujet. La compagnie Manque pas d’Airs a le mérite de nous proposer cette œuvre rare, mais en restant trop au premier degré, sans la magie un peu enfantine qu’évoque le sujet. Une transposition poussive « années 60 » du genre « Chapeau melon et bottes de cuir », de plus perturbée par la diffusion de bruits divers, n’arrive pas à capter l’intérêt, encore moins à faire rêver. La qualité musicale très moyenne (équilibre des voix dans les ensembles et accompagnement) est sauvée par un plateau vocal globalement honorable, d’où seule émerge vraiment Anna Reinhold (Lisetta). Allez donc applaudir cette sympathique troupe, qui, comme la salle, semble beaucoup s’amuser, et découvrir grâce à elle ce délicieux et pervers Monde de la Lune. [JMH]
Théâtre Mouffetard, du 7 mars au 21 avril 2012. tél. 01 43 31 11 99. www.theatremouffetard.com