La période des fêtes est propice aux « beaux livres », et les amateurs d’opéra seront gâtés avec ce Robert Wilson publié chez Flammarion. Pour une fois, les images fixées sur papier glacé ne trahissent pas les spectacles, et pour cause : on a assez reproché à l’homme de théâtre américain de ne livrer que des rituels figés en guise de mises en scène pour se réjouir de retrouver ici l’immense beauté de ses visions sans avoir à en déplorer le statisme. Face à ces photographies superbes, on oubliera la froideur et l’ennui souvent ressenties dans les salles d’opéra, et l’on restera bouche bée devant cette Norma à Zurich (février 2011), cet Orfeo à Milan (septembre 2009) et tant d’autres. On lira avec intérêt la contribution de Philip Glass, avec qui Wilson a conçu Einstein on the Beach, créé au Festival d’Avignon en juillet 1976, mais aussi White Raven (1998) et Persephone (1995). Le compositeur britannique Jonathan Harvey rapproche le travail de Bob Wilson des recherches d’un Stockhausen ou d’un Kurtag. Jessye Norman a fait l’effort d’écrire une quinzaine de lignes sur le Winterreise, mais considère qu’il est « impossible de dire en quelques mots ce que l’on peut ressentir » face à la version scénique montée avec elle par Wilson en 2006. Giuseppe Frigeni, assistant du metteur en scène depuis 1988, livre ses réflexions sur l’opéra, « expérience sensorielle où le son et l’image se court-circuitent, où la perception immédiate de ce que l’on voit entre en collision avec la perception mnémonique de ce que l’on entend ». A méditer, à moins qu’on ne préfère simplement admirer ce magnifique imagier, ce qui peut aussi être un très bon choix. [LB]
Robert Wilson, sous la direction de Margery Arent Safir. The Arts Arena / Flammarion, 2011, 336 pages, 60 euros.