Une fois n’est pas coutume, la mise en scène de Faust à l’Opéra de Paris vient de connaitre une modification importante dès sa troisième représentation scénique. On se rappelle que sur les six premières représentations, trois ont été données en version concert pour cause de grève, dont la première et celle du 10 octobre qui devait être diffusée en direct sur France 3 et dans certaines salles de cinéma. C’est finalement l’enregistrement de la soirée du 7 qui lui a été substitué. La première représentation scénique avait été un peu fraichement accueillie, mais plutôt moins mal que la moyenne des nouvelles productions (puisqu’il est dans la coutume parisienne de huer le metteur en scène à la première, soit parce qu’il est trop moderne, soit parce qu’il ne l’est pas assez). S’agissant d’une soirée de gala, les réactions avaient néanmoins été mesurées, le public de l’AROP n’appréciant pas particulièrement ce genre de démonstrations. On avait néanmoins noté une hilarité assez largement partagée lorsque la tête tranchée de Marguerite avait atterri 10 mètres plus loin dans les pieds de Faust. Pour sa deuxième soirée, le 7 octobre, le final a déclenché une colère assez inattendue : quelques cris dès la fin du Walpurgis, même hilarité lorsque la tête tombe (cette fois, dans le panier prévu à cet effet), mais tempête de hurlements dès le tomber de rideau. Certains spectateurs en sont même venus aux mains ! Finalement, la copie a été revue pour la troisième représentation scénique (celle du 13 octobre). Marguerite reste désormais pieusement les mains jointes d’un côté de la guillotine qui ne tranche plus rien (mais qui fait comme si), tandis que les chœurs font leur procession avec la tête factice en guise de relique. Effet immédiat : plus de manifestations hostiles à la fin du spectacle. On saluera au passage le talent des ingénieurs du son qui ont réussi à supprimer les huées pour la retransmission du 10 octobre, en les remplaçant par des applaudissements, vraisemblablement tirés d’un acte précédent. [PC]