C’est Jean-Pierre Robin qui lève le lièvre dans Le Figaro (édition du 6 juillet). La cour des comptes fédérale allemande (la Bundesrechnungshof) vient de blâmer le Festival de Bayreuth pour sa gestion de la billetterie, avec à la clé, souhaitons-le, l’amélioration d’un système aussi inégalitaire qu’archaïque. Quand la plupart des maisons et festival d’opéras sont à l’ère d’Internet, il faut encore remplir manuellement sa demande de billets pour Bayreuth, l’envoyer par la poste puis prendre son mal en patience. En 2010, sur 58 000 places proposées, à peine 40% étaient ouvertes à la billetterie, le reste étant attribué, voire donné, aux mécènes, tour-opérateurs, journalistes, artistes, syndicalistes, politiques et autres « partenaires ». Rien d’étonnant ensuite qu’il faille près de dix ans au pékin moyen pour décrocher son entrée au Walhalla, et encore à condition de ne pas avoir oublié de renouveler chaque année sa demande. Rien d’étonnant non plus que l’on trouve au marché noir des places dont le tarif peut être cinq fois plus élevé que la normale. A qui profite le crime ? A une large frange de privilégiés et de barboteurs, mais pas seulement. Compte tenu de la qualité artistique et musicale des spectacles proposés aujourd’hui à Bayreuth, attendre dix ans son sésame reste l’une des seules raisons, avec l’histoire et le prestige, qui font du Festival un événement exceptionnel. On trouve sinon tout au long de l’année un peu partout ailleurs dans le monde des opéras de Wagner mieux représentés. Voilà aussi pourquoi un tel système perdure. Christophe Rizoud