Natalie Dessay dans La Traviata à Aix © DR
On l’attendait depuis longtemps : après quelques airs et duos testés en concert et un tour de chauffe à Santa-Fé pour sa prise de rôle, Natalie Dessay aborde pour la première fois en Europe l’un des personnages les plus mythiques de l’histoire de l’opéra : Traviata. Le Festival d’Aix avait déjà accueilli une Violetta exotique en la personne de Mireille Delunsch en 2004, et l’on peut dire que cette édition s’inscrit dans la même perspective. Mais ici, la présence d’une star du lyrique risque de faire oublier une excellente mise en scène et des partenaires de haute volée. Nul doute en effet que critiques et forums s’affronteront surtout dans les prochains jours sur l’adéquation stylistique de la chanteuse, son sens ou non du théâtre. Ils s’étriperont sur, le nombre de notes douteuses, la largeur du timbre ou la qualité de la battue des trilles. Ils ratiocineront sur ce que la voix donnerait dans l’acoustique moins favorable de l’opéra de Saigon ou des Arènes de Tobrouk. Les plus experts disserteront sur les différentes perruques utilisées dans cette production. Et tout ça, en général, sans avoir vu le spectacle sur scène (c’est d’ailleurs toute la beauté de la chose). Toujours est-il que le soprano tient ici son pari et obtient, malgré un démarrage un peu laborieux, un triomphe au final, succès que le dernier acte seul suffirait à justifier. Même l’équipe de production s’est vue gratifiée d’acclamations unanimes ! L’exploit est d’autant plus remarquable que le public de cette première était particulièrement avare d’applaudissements tout au long du spectacle, ce qui y est assez courant. Critique à suivre prochainement dans nos colonnes ! [PC]