Il est révolu le temps où les récitals de mélodies françaises faisaient le plein à Gaveau ou aux Champs-Elysées (Qui se souvient encore des concerts de Gérard Souzay ? ). La mélodie français n’est pas morte pour autant et la voici qui trouve un nouvel élan. Mais où donc? Dans les Bibliothèques, tout simplement. Juste retour aux sources ! La Bibliothèque Nationale de France avait donné le ton il y a quelques années. Mais, loin de la froideur de ses couloirs glacés et de ses auditoriums, qu’on est bien dans l’acoustique et l’ambiance chaleureuses des beaux salons de la Bibliothèque de l’Arsenal. Beaucoup de monde, ce 21 mars – On a dû installer une télévision dans une salle attenante pour accueillir le nombreux public – pour ce récital qui clôt un colloque sur l’œuvre de Théophile Gautier.
Sa poésie, dite avec flamme et une juste ironie par Carole Bergen, vit surtout aujourd’hui quand elle est portée par la musique (Gautier n’est pas Nerval). Lisez « Ma bien aimée est morte.. » : c’est pâlot. Ecoutez-là chantée par Berlioz : on est bouleversé. Le pianiste Jeff Cohen interprète avec gourmandise ce programme qu’il a si bien déniché. Et quand il accompagne deux jeunes chanteurs français, aussi investis et émouvants que la soprano Tatiana Probst et le ténor Cyrille Dubois, on applaudit à tout rompre. La soprano, c’est un visage radieux, lumineux, une voix de velours et une technique saine et solide qui laisse épanouir des aigus amples et clairs. Le ténor, digne représentant de l’Ecole d’Art Lyrique, c’est une émission franche et naturelle, un timbre très touchant et une expression qui vient du fond du cœur. La mélodie française n’a jamais été aussi proche de nous. [MQ]