Retour gagnant au Théâtre du Capitole pour Ramón Vargas, chaleureusement accueilli par le public toulousain qui l’avait acclamé dans sa prise de rôle d’Enzo (La Gioconda) en 2021. Vargas a choisi pour ce récital, accompagné avec application par la pianiste géorgienne Mzia Bakhtouridze, de nous ramener à ses sources avec en conclusion quatre chansons mexicaines que nous avons pour notre part découvertes et que Vargas sert avec gourmandise.
Il se sera consacré avec le même appétit à trois chansons napolitaines qui ouvrent la seconde partie, la première étant dévolue à des airs d’opéra.
Vargas ne choisit pas la facilité en entamant ce récital avec « Il mio tesoro », un air qui nous renvoie à ses débuts mexicains. Et auquel il convient de consacrer des …trésors de nuances et de souplesse ; la voix n’est pas encore stabilisée mais la ligne de chant est claire.
Dans L’Arlesiana (« È la solita storia »), la voix se met en place, la lame se fait tranchante et le désespoir émerge et anime tout le récit de Federico.
Le « Recondita armonia » résume assez bien la prestation d’ensemble de Vargas. Les couleurs de la palette vocale sont nombreuses : de la lumineuse vaillance jusqu’aux accents plus sombres. Ce sont toutes ces nuances dans le timbre qui rendent unique et reconnaissable entre toutes la voix de Vargas. Il y a un évident plaisir de sa part à être sur scène et partager entre amis quelques beaux moments de musique. De musique et d’émotions surtout. Que de déclarations d’amour n’aurons-nous entendues ce soir ! Que ce soit dans « Dicitentello vuie » ou « Parlami d’amore Mariù », Vargas nous embarque avec un élan communicatif. Même le « Non t’amo più » de Tosti qui pleure l’amour passé est déchirant d’authenticité.
© Patrice Nin
Les limites apparaissent aussi. La diction du « Kuda, Kuda » (Eugène Onéguine) n’est pas sans défaut. Aujourd’hui par ailleurs, mais peut-être est-ce dû à un refroidissement temporaire, le fortissimo dans l’aigu n’est plus aussi aisé et Vargas doit gérer avec une audible et même visible économie les plages précédant les sauts périlleux vers l’aigu.
A quoi tient-il qu’il ne nous viendrait pas à l’idée de lui tenir grief de ces imperfections qui apparaissent aussi en seconde partie (le « Core ‘ngrato » n’est pas non plus sans aspérités dans les forte du haut de la gamme) ? Sans doute à ce qui caractérise le chant, et aussi la personnalité de Ramón Vargas, et qui tient tout simplement à sa générosité.
Générosité et spontanéité qui l’invitent à remettre à une spectatrice assise au premier rang le bouquet de fleurs que Christophe Ghristi est venu en personne lui remettre en fin de concert.
Vargas est une belle personne.