*** Article mis à jour en 2024 ***
Notre série des festivals d’opéra du monde entier nous entraine vers le plus mythique d’entre eux : Bayreuth.
Lieu : Qui ne connait pas la Colline Verte, aussi appelée Colline Sacrée… Pour un peu, certains en feraient l’ascension sur les genoux.
Dates : De fin juillet à fin aout
Site Web : http://www.bayreuther-festspiele.de/
Année de création : 1876
Principe fondateur : Le Bayreuther Festspiele, fondé par Richard Wagner lui-même, est exclusivement dédié à l’exécution de ses dix principales œuvres (à partir de Die Fliegende Hollander) dans un lieu, le Festspielhaus, conçu pour répondre pleinement à la conception wagnérienne de l’œuvre d’art totale (Gesamtkunstwerk). Du vivant du compositeur, seuls le Ring et Parsifal y ont été représentés.
Dirigeant : A l’été 2015, Katharina Wagner a pris seule la tête du Festival, depuis le retrait de sa demi-sœur Eva Wagner-Pasquier. Elle s’est adjointe officiellement les conseils artistiques de Christian Thielemann – rôle précédement rempli par Eva – qui est également un des principaux chefs invités à se produire au Festival.
Répertoire :
- Der Fliegende Hollander (1843)
- Tannhäuser (1845)
- Lohengrin (1848)
- Tristan und Isolde (1859)
- Die Meistersinger von Nürnberg (1867)
- Das Rheingold (1856)
- Die Walküre (1857)
- Siegfried (1871)
- Götterdämmerung (1874)
- Parsifal (1882)
A noter qu’à l’occasion du bicentenaire de la naissance du compositeur en 2013, ses œuvres de jeunesse ont été données en version concertante dans une salle de la ville de Bayreuth… mais jamais au Palais des Festivals.
Histoire : Il est d’usage de diviser l’histoire du Festival comme suit :
- la fondation par Wagner lui-même, marquée par le premier cycle du Ring et la création de Parsifal in loco, assortie d’une clause d’exclusivité ;
- le règne de Cosima à la mort de Wagner ;
- la période trouble des années brunes et aux collusions avec le IIIe Reich ;
- la refondation et le nouveau Bayreuth de Wieland Wagner (l’Age d’Or du chant wagnérien pour certains) ;
- et enfin, une nouvelle ère entamée au moment du centenaire et la production passée dans la légende du Ring de Patrice Chéreau (1976).
Dates marquantes :
- 1876 : Fondation et premier cycle complet du Ring
- 1882 : Deuxième édition ouverte par la création de Parsifal
- 1883 : Cosima prend la tête du Festival jusqu’en 1908 (elle décède en 1930). Le festival se tient sur un rythme bisannuel
- 1903 : Le Metropolitan Opera brise l’embargo sur Parsifal
- 1908 : Siegfried Wagner directeur
- 1914 : Parsifal tombe dans le domaine public
- 1930 : Winifred, veuve de Siegfried, devient directrice du Festival
- Années 1930 : Premier renouvellement des productions
- 1943-1944 : Die Meistersinger, seule oeuvre à l’affiche à des fins de propagande
- 1945 : Le Palais des festivals est utilisé comme théâtre par les américains. Winifried jugée pour collaboration avec les Nazis, la direction passe à Wieland et Wolfgang.
- 29 juillet 1951 : Réouverture du Festival par la 9e de Beethoven dirigée par Wilhelm Furtwängler
- Années 1950 : Renouvellement esthétique du nouveau Bayreuth
- 1966 : Mort de Wieland. Wolfgang gère seul la partie administrative et invite des metteurs en scène de renom.
- 1976-1980 : Ring du centenaire de Patrice Chéreau
- 2008 : Wolfgang est forcé de passer la main à Katharina Wagner et Eva Wagner-Pasquier
Conditions techniques : Inaugurée en Aout 1876 par le premier cycle complet du Ring, la salle compte 1974 places. A rebours des théâtres à l’italienne qui fleurissent en Europe au XIXe siècle, Wagner opte pour une disposition des sièges en amphithéâtre, proche du théâtre grec. L’inclinaison est forte, permettant une bonne visibilité sur la scène à l’ensemble des spectateurs. A l’arrière, deux niveaux de balcon avec des loges ferment la salle.
La fosse d’orchestre de Bayreuth est la principale innovation du lieu : elle est recouverte d’une plaque en bois qui masque l’orchestre aux spectateurs, tout laissant le chef visible aux chanteurs. Wagner insiste également pour que le noir se fasse dans l’auditorium afin que chacun se concentre sur la scène et non sur des à-côtés (direction du chef ou mondanités).
Acoustique : Conséquence de la conception du bâtiment et de la fosse avec son orchestre invisible, l’acoustique du lieu est unique et inimitable : le son, homogène et réverbéré par le bois de la salle, vient à la fois de partout et de nulle part. Les voix sont, elles, mises en valeur, puisqu’il n’y a plus de « rampe » à passer.
Meilleures places : Il faut privilégier le parterre, si possible dans les rangs et places centrales.
Tarifs : de 30 à 320 euros
Anecdote : Elles sont innombrables, aussi nous en rappelons une qui concerne un des rédacteurs de notre magazine. Il est d’usage, lorsque l’on assiste à un Ring, de ne pas aller à d’autres opéras entre les journées du cycle. Roselyne Bachelot s’est faite tancer à ce sujet lors de son dernier pèlerinage sur la Colline Verte, comme elle le racontait dans son billet « bonheur à celui par qui le scandale arrive ».
Le bémol : L’absence de ventilation (ne parlons même pas de climatisation) qui peut transformer le théâtre en four le temps des longs actes wagnériens.
Le dièse : Si vous aimez Wagner… Pas besoin d’en dire plus.
Accessibilité : Le Palais des festivals a été conçu a une époque où ces considérations n’entraient pas dans la conception d’un théâtre.
Toilettes : Elle sont situés sous la salle puisque les gradins sont disposés en forte pentes.
Vestiaires : Payant (2€) pour l’ensemble des objets ou habits que vous y déposerez. Ce serait dommage de se priver, la température monte vite dans le saint des saints.
Accès : Bayreuth est tout juste une ville de taille moyenne en Bavière du nord. S’il y a bien un aérodrome il s’adresse plutôt à une catégorie de population utilisant l’aviation privée. En dehors de la voiture, deux options s’offrent aux festivaliers. Le train au départ de Paris vous mènera à bon port (mais avec changements). En s’y prenant à l’avance le tarif reste modique (environ 100€ aller-retour) et le trajet prend environ 8 heures. Par l’avion, les aéroports de Munich ou de Nuremberg assurent de bonnes connections avec le réseau de trains régionaux. Sur place il faut savoir que les parkings sont désormais payants : 5 euros la journée.
Points d’intérêt touristique proches : Tout séjour à Bayreuth s’accompagne d’une visite à la villa Wahnfried, que Wagner fit construire pour lui et sa famille à proximité du futur Palais des Festivals. Habitée par la famille jusque dans les années 1970, elle est depuis devenue le siège du musée Richard Wagner, et des archives nationales et centre de recherche de la Fondation Richard Wagner, désormais propriétaire des murs. En 2015 elle a rouvert avec une nouvelle muséographie, plus moderne.
Quatre villes alentours valent d’aller y passer vos journées libres entre deux opéras du festival : Coburg, Bamberg, Nuremberg et un peu plus loin Würzburg.
Où se restaurer ? A l’entracte, vous n’avez pas le choix, tradition oblige ce sera une « würst » accompagnée d’une bière (si vous êtes amateur, l’abus d’alcool etc.). Le Bretzel est toléré, la glace déjà plus marketing.
Le soir, la vieille ville vous attend et vous y retrouverez vos compagnons endimanchés pour partager vos impressions. Le restaurant Die Eule semble tout indiqué, c’est un repaire d’habitués, ses murs sont décorés de photos de chanteur. Une terrasse permet aussi d’y prendre le frais.
Où dormir ? Les hotels autour de la gare et dans la veille ville sont très vite pris d’assaut. Il vous faudra soit anticiper (en prenant une réservation annulable) soit aller en dehors de la ville et louer une voiture. Mais là encore, tradition oblige, vous pouvez, par le biais de l’office de tourisme, trouver des logements chez l’habitant. Les sites modernes bien connus de location de chambres et appartements ont aussi un fort succès à Bayreuth. La ville étant universitaire, beaucoup d’étudiants mettent leur chambre disposition pendant le mois du festival. Comptez entre 20 et 40 euros la nuit selon l’emplacement et les prestations.