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Christophe Ghristi : « L’opéra, ce n’est pas l’établissement d’une caste »

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Interview
14 mai 2021
Christophe Ghristi : « L’opéra, ce n’est pas l’établissement d’une caste »

Infos sur l’œuvre

Détails

A quelques jours de la présentation de la saison 2021/22 du Capitole de Toulouse, Christophe Ghristi, son directeur artistique, reçoit Forumopéra et évoque notamment les « Nuits d’été au Capitole ».


Commençons par l’essentiel : comment allez-vous ?

Mieux ! Mais nous sortons d’une période interminable.

En fait je vais comme cette maison va. Et comme il y a une reprise prévue, ça va très bien, malgré les complications liées aux jauges, au couvre-feu et à toute une foule de détails ; mais ça n’est pas grave. L’important c’est de rouvrir, de refaire de la musique, d’accueillir le public. Mais ça a été interminable. Nous avons essayé d’assurer la continuité du travail, pour les forces artistiques, le ballet et le chœur. L’orchestre, lui, a eu une continuité avec le streaming, même si on l’a très peu utilisé.

Car le streaming a au moins deux limites ; d’abord c’est quelque chose de coûteux ; n’oublions pas que nous sommes dans une situation financière compliquée avec l’absence totale de billetterie. Nous avons eu des milliers de places à rembourser.

Et par ailleurs tous les spectacles que nous n’avons pas donnés en streaming, nous allons pouvoir les reporter, ce que nous n’aurions pas pu faire s’ils avaient été diffusés et c’est quelque chose d’inestimable. Donc, de Platée, jusqu’aux Noces, tout est reporté sur les saisons prochaines jusqu’à 2024.

Par ailleurs, nos ateliers ont continué à travailler sur les productions, ce qui fait qu’on a un peu d’avance sur notre cycle de production. Mais dans cette période, on peut dire qu’on a dû tout inventer jusqu’au dédommagement des artistes.

Vous avez été soutenu par la Municipalité de Toulouse ?

Entièrement ! le premier soutien a été de nous encourager à dédommager les artistes ; ce protocole tient jusqu’à aujourd’hui. Dans toutes nos actions, nous avons été soutenus par la Métropole qui a eu la volonté de consolider notre place comme un des phares de la vie culturelle toulousaine.

Je suis en contact avec d’autres collègues qui ne sont pas dans la même situation que moi. Je pense particulièrement à mon collègue de Bordeaux. Mais là on entre dans la politique ; je trouve inquiétants et injustes certains discours politiques. Je trouve triste que certains regardent encore l’opéra sous un œil mal informé et qui se dit sociologique. L’opéra ce n’est pas l’établissement d’une caste. L’opéra c’est pour les gens qui aiment la musique tout simplement. Surtout lorsqu’on voit tout ce qui est fait par ces maisons à Bordeaux, Lyon, Marseille. Ce qu’ils font pour être partout hors les murs, avec des services éducatifs très performants.

Dans le même ordre d’idées, les affiches à Bordeaux sont une énorme bourde, mais une bourde révélatrice. Ici à Toulouse, le public n’est pas particulièrement bourgeois, on n’est pas dans le fief d’une classe sociale. C’est un cliché qui vient de loin mais qui ne correspond pas aux villes du Sud où l’opéra est une passion des gens pour la voix, des gens qui veulent passer un moment extraordinaire, c’est tout.


© DR

Comment s’annonce la fin de la saison ?

Nous rouvrons bien sûr avec tous les protocoles de sécurité. La forza del destino va être donnée en version concert ; les chœurs avec deux mètres entre chaque chanteur seront sur un praticable ; l’orchestre dans la fosse avec une légère réduction. Et les chanteurs à l’avant-scène. Elektra en revanche sera donnée en version scénique avec Ricarda Merbeth, Violetta Urmana, Mathias Goerne et des chœurs en coulisse comme prévu par la partition. On est sur des jauges de 800 places. Pour Elektra nous aurons les deux dernières en jauge pleine à 999 places.

Et puis cette nouveauté, le festival d’été.

« Nuit d’été au capitole».  L’idée est très simple. On voyait que la réouverture allait se faire. Or, la fermeture étant habituellement le 5 juillet, il me semblait inimaginable de n’ouvrir que pour quinze jours ou un mois et de refermer juste après pour 3 mois. D’où l’idée de ce festival qui va nous permettre de jouer les prolongations jusqu’au 21 juillet avec les forces de la maison, chœur, orchestre et ballet et plein de projets que nous ne faisions pas habituellement, avec quelque chose de différent chaque jour. Le programme est très varié : récital de Benjamin Bernheim avec trois jeunes chanteurs en début de carrière, un récital de Sonya Yoncheva, concert avec Jakub Orliński, les Carmina Burana avec Annick Massis, et Jordi Savall en ouverture le 6 juillet avec de la musique espagnole. Et enfin trois concerts consacrés à Déodat de Séverac avec des inédits. Et même un ciné-concert Le fantôme de l’opéra , le film de Rupert Julian de 1925, qui sera donné avec Thierry Escaich et Vanina Santoni qui chantera Marguerite dans des extraits de Faust. Le tout avec des places très abordables entre 20 et 30 euros. Sonya Yoncheva pour 20 euros c’est sans concurrence !

L’an prochain ?

Il y aura sept ouvrages comme d’habitude avec deux reprises de projets de cette année : les deux premières productions qui ont été annulées cette année. Le reste de la saison avait été prévu avant la pandémie et sera dévoilé la semaine prochaine.

Vous êtes bien à Toulouse.

Oui je suis très bien, à fond dans les projets !

Des rêves aussi, des projets fous, un Ring par exemple ?

Oui, j’y ai pensé, mais ce qui est compliqué avec le Ring c’est qu’il faut y consacrer toute l’énergie, tout le budget de la maison pendant un certain temps. Or, il ne faut pas mettre en péril l’équilibre de la maison, un équilibre qui est millimétré (masse salariale, billetterie, coûts de productions) : vous ne pouvez pas dire je ne ferai que 4 productions au lieu de 7. Quant à mes rêves, j’arrive à les réaliser. Bien sûr on rêve tous d’avoir Anna Netrebko ! Mais vous verrez que la saison prochaine est pleine de rêves réalisés. Et dans l’immédiat, Elektra mis en scène par Michel Fau, avec Ricarda Merbeth et Matthias Goerne, c’est un rêve magnifique non ?

 

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