Forum Opéra

Julie Fuchs : « Je rejouerais volontiers dans une opérette »

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Interview
11 décembre 2017
Julie Fuchs : « Je rejouerais volontiers dans une opérette »

Infos sur l’œuvre

Détails

Rencontre avec Julie Fuchs pour le deuxième des trois grands rôles qu’elle enchaîne cette saison à Paris : après Nannetta à l’Opéra de Paris, avant Morgana au Théâtre des Champs-Elysées, la comtesse Adèle du Comte Ory Salle Favart. 


Vous définissez-vous comme quelqu’un de prudent ?

Je pense l’être plus qu’avant, mais ce n’est pas forcément ce qui me caractérise. Disons que je suis moins inconsciente qu’auparavant, surtout concernant la gestion du rythme de travail. Maintenant j’ai davantage envie de prendre mon temps, notamment pour la préparation de mes rôles. Et d’un autre côté, j’ai quand même cinq prises de rôle prévues cette saison !

Malgré tout, vous avez accepté d’assumer la lourde succession de Mireille Delunsch pour la Folie de Platée à Garnier, ou pour la Fille du régiment après Natalie Dessay à Vienne. C’est une forme d’inconscience ?

Non, ce n’est pas de l’inconscience, je suis quelqu’un qui vit dans l’instant, c’est tout. Ce que je vois quand on me propose un rôle, c’est d’abord le rôle, et puis c’est aussi l’équipe, et la mise en scène. Dans les deux cas, il s’agissait de spectacles magnifiques de Laurent Pelly, et j’avoue qu’une fois dans les bottes du personnage, plus rien d’autre n’existe. C’est la magie de la rencontre réussie avec un rôle et avec une production. Et puis il ne faut pas oublier que la mise en scène de La Fille du régiment par Laurent Pelly par exemple a été reprise de nombreuses fois par d’autres chanteuses : il n’y a pas eu que Natalie Dessay, même si c’est elle qui a créé brillamment cette magnifique production. 

En l’espace de quelques années, vous avez été Servilia au TCE, Suzanne à Zurich, Zerline à Aix-en-Provence, Giunia de Lucio Silla à Madrid : vous êtes devenue une chanteuse mozartienne ?

Je me suis toujours senti à la maison avec Mozart, je ne pense pas être devenue mozartienne d’un seul coup, d’ailleurs je ne suis pas sûre de savoir ce que ça veut dire être une chanteuse mozartienne ! J’ai chanté Mozart très tôt durant mes études, et en concert. Je suis très contente d’avoir pu aborder rapidement tous ces  beaux rôles très différents les uns des autres. Suzanne, je l’ai déjà chantée plusieurs fois et je vais la retrouver, ce dont je suis très heureuse, car ce personnage, comme la Fille du régiment, est un peu une « copine » pour moi : elle me tient compagnie, elle me fait du bien. Après avoir dû refuser plusieurs propositions pour des raisons de planning, je vais enfin pouvoir chanter ma première Pamina, et ce sera à Hambourg. Je vais très prochainement chanter Despina, sous la direction de Riccardo Muti. Ilia est aussi un rôle qu’on m’a proposé et que j’aimerais aborder bientôt, même si Elettra me plait beaucoup. Un jour peut-être, on ne sait jamais…

Après vous être un peu éloignée de Paris, vous faites très fort, cette saison, puisque l’on va vous voir successivement dans trois grands théâtres de la capitale.

Ah, ce sont les hasards de la programmation ! Depuis quelques années, je chantais plutôt à l’étranger et pas tant que ça en France, une production par an à Paris en moyenne, et cela m’a manqué. Je me disais : Quand même, c’est mon pays… Et cette année, il y a ces trois productions dans trois théâtres, ce dont je suis très contente. Mais les saisons se suivent et ne se ressemblent pas ! 

Vous venez tout juste de terminer une série de représentations de Falstaff à Bastille.

Falstaff est un opéra unique. C’est une œuvre que je dirais « chorale », en tout cas où le groupe est important. Chanter Nannetta aux côtés de Bryn Terfel, à l’Opéra de Paris était comme être sur un nuage. L’accueil du public a été magnifique. Nannetta est un très joli rôle. A mon goût, c’est elle qui a les plus belles pages de la partition, avec Fenton. Je suis très heureuse d’avoir rencontré cette Nannetta et qu’elle m’ait fait découvrir le bonheur de chanter Verdi. 

Le Comte Ory, que vous répétez en ce moment à l’Opéra-Comique, est-il votre premier Rossini ?

Non, j’ai chanté la comtesse de Folleville dans Il viaggio a Reims, il y a deux ans, dans la production de Christoph Marthaler, à Zurich. Comme je commence à dire quels rôles je voudrais aborder, les gens savent que Rossini est un compositeur que j’aime chanter, et je serai d’ailleurs prochainement Fiorilla du Turc en Italie. Rossini est un compositeur que je suis toujours ravie de chanter, car il fait du bien à ma voix et me met de bonne humeur. Et pour ce Comte Ory, nous avons affaire à une équipe de rêve, avec ce véritable tandem que forment Louis Langrée et Denis Podalydès. C’est formidable de les voir travailler ensemble. 

En tant que comtesse Adèle, allez-vous faire rire ?

L’œuvre est drôle, et évidemment elle fera rire, grâce à tout le travail de dentelle que nous accomplissons avec Denis et mes autres collègues  mais en même temps, les personnages seront pris au sérieux : la comtesse a de vraies émotions, de vraies frayeurs, de vrais désirs et je ne joue pas à faire rire avec tous ces états d’âme. Mais je vous rassure, nous avons eu avant-hier un filage du premier acte, et Eric Ruf, responsable des décors, qui était dans la salle et n’avait pas encore vu grand-chose des répétitions, pleurait de rire. Là est toute la beauté et le talent du travail de Denis Podalydès et Louis Langrée : il y a dans ce spectacle non seulement beaucoup d’humour mais de la poésie, du désir, beaucoup d’inconscient qui se révèle, et surtout aucune vulgarité. 

Enfin, en mars, il y aura Alcina au Théâtre des Champs-Elysées.

Cette production vient de Zurich. J’ai donc déjà interprété deux fois cette Morgana là-bas. Là non plus, ce n’est pas mon premier Haendel, car il y a eu Acis et Galatée à Aix, et j’ai chanté Angelica dans Orlando à Zurich, sous la direction de William Christie. La mise en scène de Christof Loy exploite la fragilité d’Alcina, et c’est très beau de voir Cecilia Bartoli, qui est une magnifique artiste et collègue, entrer dans ce jeu et exposer cet aspect du personnage. C’est la force de cette production, je pense : même si Cecilia/Alcina est la reine, la magicienne, tout ce qui se passe sur scène est magique, grâce à l’ensemble des protagonistes.

Vous n’en avez pas fini avec Zurich, puisqu’en fin de saison s’annonce votre prise de rôle en Poppée. 

Je ne suis plus en troupe à l’Opéra de Zurich depuis 2015, mais j’y retourne régulièrement, car nous construisons des projets ensemble. Pour un jeune chanteur en début de carrière, c’est une grande chance. Je prends beaucoup de plaisir à y retourner, j’ai vraiment un public là-bas ; je connais bien l’orchestre, l’équipe artistique, et ils invitent souvent des metteurs en scène avec qui je m’entends très bien.

Ce Couronnement de Poppée ne passera sans doute pas inaperçu, puisque la mise en scène sera signée Calixto Bieito.

Quand je choisis un rôle, je tiens compte de l’ensemble des facteurs: rôle, metteur en scène, chef d’orchestre… Et pour ce qui est de Calixto Bieito, je suis très heureuse d’avoir l’opportunité d’être dirigée par lui. Je n’ai jamais vraiment peur pour les mises en scènes, parce que soit le metteur en scène sait très bien ce qu’il fait et dans ce cas-là on le suit, soit ce qu’il propose ne nous parle pas (je dois dire que ça ne m’est pas souvent arrivé) et là on discute, mais nous ne sommes pas des machines. Les metteurs en scène sont des artistes, ils tiennent un discours, et entre artistes on peut toujours s’entendre. 

Vous avez enregistré une chanson de Barbara, vous allez chanter des airs de zarzuela à Avignon : après Ciboulette, seriez-vous prête à rejouer dans une opérette ?

Pour le concert d’Avignon, il s’agit d’un ou deux airs de zarzuela de l’époque de Rossini, donc pas d’affolement… En tout cas, l’opérette, je n’y suis pas du tout réfractaire, au contraire. Et l’expérience de Ciboulette montre qu’il y a un réel public pour cela ! Ces temps-ci, sur scène je chante des œuvres plus classiques, mais ça ne change en rien mon appétit pour la diversité, et en concert je me débrouille toujours pour mêler les genres. Donc, oui, je jouerais volontiers dans une opérette et ce sera le cas la saison prochaine, mais ce genre n’est pas beaucoup programmé en France…

Il paraît que votre nouveau disque sortira en 2019.

C’est vrai, je vais l’enregistrer en juillet. Le programme tournera autour de Rossini et de ses contemporains, avec des airs en italien, en français et peut-être même dans d’autres langues. Ce sera mon deuxième disque chez Deutsche Grammophon. On m’a demandé plusieurs fois quand j’allais en sortir un après Yes ! Eh bien, voilà, il arrive bientôt, et j’en suis très heureuse !

 

Propos recueillis le 1er décembre 2017

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Infos sur l’œuvre

Détails

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

Dans les profondeurs du baroque
CDSWAG

Les dernières interviews

Les derniers dossiers

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Portrait suivi d’un compte rendu de La Belle Meunière à Londres ce 8 novembre, d’une discographie et de divers entretiens.
Actualité
L’impact des technologies numériques sur le chant lyrique est un sujet à débats qui reflète la rencontre entre la tradition de l’opéra et les innovations technologiques de notre époque.
Actualité
[themoneytizer id="121707-28"]