La disparition d’un compositeur avant la complétion de son œuvre ajoute de la cruauté au chagrin. En particulier pour Philippe Boesmans, pour qui son « Bébé » représentait tout ce qui lui restait, après avoir tout perdu dans l’incendie qui détruisit son appartement en 2021.
Lorsqu’une insuffisance respiratoire a nécessité son hospitalisation, le pessimisme n’était pas de rigueur mais le compositeur comme son entourage proche ont voulu envisager une solution au cas où la situation se dégraderait. Cette solution était claire pour tous : faire appel à Benoît Mernier.
L’homme providentiel
Benoît Mernier © DR
Elève puis ami de Boesmans, Mernier (né en 1964) est organiste et compositeur. Intelligent et talentueux, il est l’auteur de deux remarquables opéras, salués par la critique en général, par ForumOpera en particulier : La Dispute (2012) et Frühlings Erwachen (2007). Il connaît donc bien l’opéra, ses arcanes et ses coups de Jarnac. Et surtout il maîtrise parfaitement le langage musical de Philippe Boesmans, pour l’avoir aidé à boucler l’écriture de Au Monde en 2014, lorsque le compositeur a connu de sérieux problèmes de santé. Ils se sont partagé les dernières scènes restantes qu’ils nt écrites en parallèle, chacun de son côté, en comparant leurs notes de temps à autre. Benoit Mernier fut l’une des dernières personnes à voir Boesmans et ils ont discuté des grandes lignes pour les dernières minutes qui restaient à écrire, sans savoir, ni l’un ni l’autre que ce 10 avril serait le jour de leur dernière rencontre.
Katrine Simonart a recueilli pour la Monnaie le récit de Benoît Mernier sur les mois qui ont suivi et comment il a repris l’écriture de On purge bébé ! quelques instants avant que Horace Truchet ne gifle Bastien Follavoine.