Révélation artistique lyrique des Victoires de la Musique en 2020, Adèle Charvet avait déjà été révélée un an plus tôt – et de manière spectaculaire – en remplacant un collègue au pied-levé dans Le Messie. Exploit qui avait fait le tour du monde. Réduire la musicienne à cet évènement reviendrait néanmoins à limiter notre connaissance du monde au Big Bang.
Mon meilleur souvenir dans une salle d’opéra ?
Tristan und Isolde à Bastille dans la mise en scène de Bill Viola, J’avais eu une place de dernière minute au quatrième rang, et c’est pile en face de moi que Violeta Urmana a chanté Mild und Leise. J’avais l’impression de vivre un moment à la fois intime et cosmique, magnifié par l’ascension de Tristan projeté en vidéo ! J’en suis sortie absolument sidérée.
Sur scène, ma première Mélisande.
Mon pire souvenir dans une salle d’opéra ?
En salle, quand je sens qu’un chanteur est en souffrance pour une raison ou pour une autre.
Sur scène, devoir chanter le coeur brisé.
Le livre qui a changé ma vie ?
Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire.
Le chanteur mort que je voudrais ramener à la vie pour chanter avec ?
Lorraine Hunt Lieberson, son timbre est une caresse et c’était une musicienne extraordinaire.
Mon plus grand moment de grâce dans un musée ?
Devant l’Annonciation du Titien à la Scuola Grande di San Rocco à Venise ; au Louvre devant la Saint-Anne de Léonard de Vinci ; l’Enlèvement de Proserpine du Bernin à la Galerie Borghese à Rome…. Ah les italiens !
La ville où je me sens chez moi ?
Paris et New-York !
La ville qui m’angoisse ?
Pékin.
Ce qui, dans mon pays, me rend la plus fière ?
L’art de vivre !
Le metteur en scène dont je me sens la plus proche ?
Je ne peux pas dire que je me sente proche, mais je suis toujours fascinée par le travail de Romeo Castellucci.
Mon pire souvenir avec un chef ?
Ce chef qui m’expliquait d’un air pénétrant que je chantais beaucoup mieux depuis qu’il m’avait fait travailler…
Si j’étais une symphonie ?
La deuxième de Mahler !
… et une sonate ?
La sonate en fa mineur op. 120 de Brahms, pour clarinette et piano (surtout le deuxième mouvement).
… et un quatuor à cordes ?
Le quatuor en ré mineur D 810 de Schubert « la Jeune Fille et la Mort »
Si je devais chanter à mes propres funérailles, quel serait le dernier extrait ?
When I am laid in earth, (Didon et Énée) de Purcell ou Ich bin der Welt abhanden gekommen de Mahler :
« Je suis mort au tumulte du monde
Et je repose dans une région tranquille.
Je vis seul dans mon ciel,
Dans mon amour, dans mon chant. »
Le chanteur du passé qui me rend folle ?
Franco Corelli me fait perdre la tête !
Le chanteur du présent qui me rend folle ?
Sabine Devieilhe dans son dernier album Bach Haendel ! Olga Borodina dans la Dame de Pique. Paul-Antoine Benos, touché par la grâce dans l’enregistrement Stradella du Banquet Céleste.
Si j’étais un personnage de Harry Potter ?
Sibylle Trelawney, professeure de Divination.
Le compositeur auquel j’ai envie de dire « mon cher, ta musique n’est pas pour moi » ?
C’est une « unpopular opinion »… Berlioz !
Si l’étais un Lied ou une Mélodie.
Meine Rose de Schumann
Mon pire souvenir historique des 30 dernières années.
Les attentats du 13 novembre 2015.
Le rôle que je ne chanterai plus jamais.
Pisana dans I due Foscari de Verdi, un rôle… concis !
Ma devise
Je n’en ai pas, alors je dirais celle de mon grand-père : à chacun son aventure.