Notre collègue Mehdi Mahdavi parle à son sujet d’une voix d’or liquide. Bouquet d’harmoniques et feu-follet de musicalité, Karina Gauvin est également un être humain profond, sincère et droit. Autant de qualités qui ressortent si visiblement de son Questionnaire de Proust lyrique.
Mon meilleur souvenir dans une salle d’opéra ?
Difficile de n’en donner qu’un seul. J’ai vécu tellement d’expériences incroyables au cours de cette carrière. Je dirais que plusieurs des concerts donnés avec Alan Curtis entre 2005 et 2015 me sont très chers. Alan était guidé par son amour de la musique d’abord et avant tout. L’amour qu’il avait pour nous tous, ses chanteurs qui étions aussi un peu ses enfants. Sa passion toujours guidée par la beauté et l’expression juste et jamais par une quête de l’ego.
Mon pire souvenir dans une salle d’opéra ?
J’ai beau chercher, rien ne me vient à l’esprit. Pour moi, la musique est pure et d’expression divine. Je dirais plutôt que se sont les tractations du « business » de la musique et des personnes qui gravitent autour et qui cherchent à en tirer profit qui rend certains moments désagréables. Ce sont dans ces instants que j’ai vu et ressenti manque de respect, querelles, manigances etc… Cependant, beaucoup de personnes vous le diront, peu importe le métier, quand on a laissé la mêlée derrière soi et que l’on se retrouve seul devant ce que l’on aime faire, l’expression pure apparaît et tout le reste disparaît.
Le livre qui a changé ma vie ?
« You are enough » de Panache Desai
Le chanteur mort que je voudrais ramener à la vie pour chanter avec ?
Fritz Wunderlich
Mon plus grand moment de grâce dans un musée ?
Les nymphéas de Claude Monet à l’Orangerie. J’ai pleuré devant cette œuvre enveloppante et je suis restée des heures à la contempler.
La ville où je me sens chez moi ?
Paris à cause de tous les moments incroyables que j’y ai vécu. Sans oublier les amitiés, souvenirs musicaux et adorables collègues.
La ville qui m’angoisse ?
Aussi Paris à cause du contraste brutal de la grande richesse qui côtoie la misère humaine.
Ce qui, dans mon pays, me rend la plus fière ?
La beauté sauvage et les paysages à couper le souffle de la nature Canadienne.
Le metteur en scène dont je me sens le plus proche ?
Je n’ai travaillé avec lui que pour une seule production. En plein travail, j’ai senti que Denis Podalydès ne cherchait pas à plaquer sur moi une émotion qui ne m’était pas authentique. Grand homme de théâtre, il a compris que pour faire ressortir le meilleur d’un interprète, il faut d’abord le laisser être soi-même.
Mon pire souvenir avec un chef ?
Me faire hurler dessus, en pleine répétition le matin d’une générale et d’un concert.
Si j’étais une symphonie ?
Mahler Symphonie #1
Et une sonate ?
Beethoven, Sonate 8, opus 13 la Pathétique
Et un quatuor à cordes ?
Schubert, quatuor à cordes #14 , La jeune fille et la mort
Si je devais chanter à mes propres funérailles, quel serait le dernier extrait ?
« Mache dich, mein Herze, rein »
Le chanteur du passé qui me rend folle ?
(Dans le bon sens) Freddy Mercury, Prince, Michael Jackson, Ella Fitzgerald. Pourquoi n’en choisir qu’un seul !
Le chanteur du présent qui me rend folle ?
Stevie Wonder
Si j’étais un personnage de Harry Potter ?
J’ai le regret de vous dire que je n’ai jamais lu Harry Potter. Mais j’aime bien ses petites lunettes rondes et sa baguette magique et son regard plein de lumière !
Le compositeur auquel j’ai envie de dire « mon cher, ta musique n’est pas pour moi » ?
Donizetti
Si l’étais un Lied ou une Mélodie.
Clair de lune de Fauré
Mon pire souvenir historique des 30 dernières années.
11/9. Ces chiffres disent tout. Jamais je n’oublierai où j’étais et le silence de mort qui régnait dans la nuit suivant cette attaque.
Le rôle que je ne chanterai plus jamais.
L’enfant, L’enfant et les Sortilèges
Ma devise
La paix se trouve au bout de chaque inspiration