La guerre ne serait-elle, pour paraphraser Clausewitz, qu’un prolongement de l’opéra par d’autres moyens ? Pour celle de 14-18, en tout cas, la réponse semble devoir être oui. « Tout cela ayant été décrit mille fois, peut-être n’est-il pas la peine de s’attarder encore sur cet opéra sordide et puant. Peut-être n’est-il d’ailleurs pas bien utile non plus, ni très pertinent, de comparer la guerre à un opéra, d’autant moins quand on n’aime pas l’opéra, même si, comme lui, c’est grandiose, emphatique, excessif, plein de longueurs pénibles, comme lui ça fait beaucoup de bruit et souvent, à la longue, c’est assez ennuyeux ». Voilà ce qu’écrit Jean Echenoz dans son dernier roman, 14, évocation de la Première Guerre mondiale. En 2006, avec Ravel, Echenoz avait imaginé, dans une belle fiction, les dernières années de l’auteur de L’Enfant et les sortilèges. Six ans après, il montre que son intérêt pour la musique est extrêmement sélectif. Et s’il partage les idées de son narrateur, voilà un auteur qu’on ne risque pas de croiser dans les couloirs de Bastille ou de Garnier.