23e Concours international de chant de Clermont-Ferrand, où sont passés les ténors ?

L’excellent niveau du millésime 2013 de ce 23e Concours international de chant de Clermont-Ferrand reflétait bien la réputation grandissante de la manifestation et l’intérêt qu’il suscite tant auprès des jeunes chanteurs que des responsables de maisons d’opéra qui composaient les trois-quarts des treize jurés. Les lauréats se voyaient cette année récompenser par des engagements dans deux productions – Don Pasquale de Donizetti et Moïse au Sinaï de Félicien David – ainsi que dans des récitals en France et sur plusieurs scènes européennes. Des quelque trois-cents candidats représentant quarante et un pays seuls quinze prétendants rescapés d’une sévère sélection accédaient à la finale. Mais le niveau requis était tel que seulement quatre rôles ont pu être attribués sur les six que comptent les deux distributions. La coréenne Anna Sohn au soprano à l’aisance épanouie doté d’aigus souples et charnus incarnera Norina dans Don Pasquale. Le baryton italien Alessandro Sessolo au timbre rayonnant et joliment corsé dans le haut médium lui apportera la réplique en Malatesta. Moïse au Sinaï a trouvé son rôle-titre dans la basse remarquable d’autorité et d’assise du britannique Nicholas Merryweather. Le personnage de l’Israélite est décroché par la soprano chinoise Chanxing Yuan. Sa présence vocale et l’étendue de son soprano tout en nuance et puissance bien maîtrisées ont apparemment fait la différence par rapport à ses concurrentes plus en retrait. L’absence de ténor à la hauteur afin de pourvoir les rôles d’Ernesto chez Donizetti et d’un Hébreu chez David n’est qu’une demi-surprise. La tendance générale est au déficit concernant cette tessiture et les rôles en compétition n’étaient pas des plus aisés. Enfin le seul prix de ce Concours, celui du Jeune Chanteur attribué par le Centre Français de Promotion Lyrique et doté de 1 000 € a été décerné à la jeune soprano française Margo Arsane. Âgée seulement de 23 ans, la cadette des finalistes allie avec un bonheur sans mélange, l’intelligence de la caractérisation, la souplesse de la ligne vocale et l’émotion du vécu jusque dans la puissance du timbre. [Roland Duclos]