Genève est le théâtre, ces jours-ci (jusqu’au 21 novembre), d’un évènement considérable que, pourtant, la presse spécialisée passe sous silence : les adieux à la scène d’Alain Vernhes, un monument du chant français. Né en 1942 à Lyon, Vernhes a débuté tard, un peu comme un autre baryton, Alain Fondary. Ce dernier était souffleur de verre, Alain Vernhes, lui, a d’abord été apprenti pâtissier. Un métier qui apprend, sans doute, la patience, l’humilité, la détermination, toutes qualités indispensables pour entamer une carrière lyrique. Le public français, à Toulouse, Montpellier, Marseille, Orange notamment, s’est habitué à la projection de sa voix, à sa diction parfaite, à sa silhouette dont on aurait pu penser qu’elle nous accompagnerait toujours.Voir Alain Vernhes arrêter, c’est prendre un coup de vieux. En ses quelques décennies de carrière, Vernhes a assuré les premiers rôles, de Sancho à Scarpia, en passant par Germont, y compris sur les grandes scènes européennes. Paris l’aura régulièrement entendu. A Genève, croyez-vous que c’est en Sacristain ou en Benoît qu’il tire sa révérence ? Que nenni : il a choisi le Grand prêtre de Dagon et le public genevois a bien de la chance. On souhaite à Alain Vernhes d’écrire une nouvelle page heureuse de sa vie, dans sa chère Ardèche. Jean-Philippe Thiellay