Alexandra Marcellier, de chrysalide en papillon

Son nom était encore inconnu des amateurs d’opéra il y a peu. Seuls ceux qui ont eu la chance de l’entendre de récital en concert, du côté de Bordeaux, avaient conscience de son talent. Alexandra Marcellier, est la révélation de cette fin d’année, d’abord sur la scène de l’Opéra de Saint-Etienne, pour sa prise de rôle, de ce qui est en outre son premier grand role : Madama Butterfly. « La voix est longue, les couleurs renouvelées, aux accents jamais outranciers, avec des mezza voce superbes », a écrit notre collègue Yvan Beuvard, louant l’éclosion d’un magnifique papillon. Cette première prestation de qualité n’est à l’évidence pas passée inaperçue, puisqu’Alexandra Marcellier a été invitée à se parer à nouveau du kimono de Cio-Cio-San, cette fois sur la scène de Monte-Carlo dimanche dernier, pour remplacer au pied levé Aleksandra Kursak. Initialement aucune doublure n’était prévue, mais c’était sans compter sur le flair de Jean-Louis Grinda pour trouver un jeune talent familier du rôle et capable d’entrer dans une production la veille de la représentation. Alexandra Marcellier a de nouveau illuminé la scène en Butterfly dans un rôle qu’elle habite déjà avec subtilité et émotion. La voix n’est pas un monstre de puissance, mais l’instrument est d’une grande noblesse, d’une belle homogénéité dans tous les registres, et superbement projeté. Un talent à suivre donc.