Deux Stabat Mater (Vivaldi et Pergolesi) et un Salve Regina (Vivaldi) entrecoupés de pièces orchestrales du compositeur baroque néerlandais van Wassenaer, c’est dans un répertoire sans risque que le contre-ténor Andreas Scholl, accompagné de la soprano suédoise Klara Ek et de l’Academy of Ancient Music retrouvait le public bruxellois ce samedi soir. L’effervescence des grands jours régnait dans la salle comble du Palais des Beaux-Arts, mais l’attente du public ne fut pas pleinement comblée.
Les voix de contre-ténor, on le sait, souffrent plus vite que les autres des outrages du temps. Perte de volume et de souplesse – surtout sensible dans les attaques –, affadissement des couleurs, Scholl, brillantissime dès ses débuts mais âgé aujourd’hui de 46 ans n’échappe malheureusement pas à la règle. Il compense adroitement cependant ces écueils inévitables par une intelligence du texte, un sens du phrasé, du style et une musicalité exemplaires. La salle néanmoins paraît bien trop grande pour lui, il faut tendre l’oreille si on n’est pas dans les quinze premiers rangs.
L’autre soliste de la soirée fut une heureuse découverte : voix chaude mais expression un peu réservée dans le Salve Regina, Klara Ek se montre plus lyrique et plus expansive dans Pergolesi, et les couleurs de sa voix s’accordent particulièrement bien à celles de Scholl. Décevante de bout en bout, l’Academy of Ancient Music conduite par Pavlo Beznosiuk met peu de soin à défendre les deux concertos de van Wassenaere, mais retrouve plus d’allant dans Pergolesi, qui fut sans conteste le meilleur moment de la soirée. [Claude Jottrand]