Un article du NYT relate l’enfer que traverse la mezzo georgienne Anita Rachvelishvili depuis 2 ans.
En 2021, en pleine pandémie Covid, celle qui était considérée comme l’une des plus grandes mezzos verdiennes de sa génération réalisait enfin son rêve, devenir maman. Malheureusement ce qui aurait dû être l’événement le plus merveilleux de sa vie marqua surtout le début d’un enfer dont elle sort tout juste.
Comme beaucoup de chanteuses, la voix d’Anita Rachvelishvili s’est ostensiblement modifiée pendant sa grossesse, du fait de toutes les modifications que le corps doit supporter pendant ces 9 mois. Cela se traduisit pour elle par des graves plus profonds et plus larges mais hélas plus d’aigus. Rien d’inquiétant a priori, la voix revenant en général au bout de quelques mois. Mais le contact avec la scène manquait trop à la mezzo georgienne et cette dernière décida de remonter sur les planches au bout d’un mois seulement, comme Marfa dans la Khovantchina. Ce qu’elle analyse avec le recul comme la pire décision jamais prise : elle ne maîtrisait plus sa voix. Son corps l’abandonnait. Les sons qui émanaient de sa gorge n’avaient plus rien à voir avec sa voix d’airain. La panique allait s’emparer d’elle et prendre le contrôle de son mental au point qu’elle dut enchaîner les annulations pendant plus d’un an.
A cette terreur incontrôlable, cette peur inextricable de manquer ses aigus s’ajouta la cruauté du milieu lyrique, les petites phrases assassines de ses confrères suggérant qu’elle était finie et la perte de confiance des directeurs de théâtre qui amplifièrent sa descente aux enfers. Comme le souligne régulièrement Benjamin Bernheim en interview, un chanteur et un sportif de haut niveau ont de nombreux points communs dont le soutien du corps et le mental.
Mais c’était sans compter sur sa famille, son mari Oto Maisuradze en particulier et sa combattivité innée. Elle s’est entourée des aides nécessaires et désormais les problèmes physiques et vocaux sont résolus. Reste à vaincre définitivement cette peur. Riccardo Muti a une confiance inébranlable en elle et attend son retour au firmament avec impatience. Et nous aussi.