Samedi 7 avril, dans une centaine de cinémas en France, plusieurs milliers de spectateurs français ont pu admirer la Manon mise en scène par Laurent Pelly, production initialement créée pour Covent Garden et reprise cette année au Met d’abord, et bientôt à la Scala. On a connu Pelly plus inspiré par Massenet (Don Quichotte et Cendrillon lui conviennent à merveille), mais cette transposition de l’action vers la fin du XIXe siècle se laisse très agréablement regarder, seul le décor du premier acte paraissant moins réussi. Avec des tempos inhabituellement vifs parfois, Fabio Luisi dirige une version de la partition sinon intégrale, du moins infiniment plus complète que ce qu’on entend régulièrement à Paris : la principale coupure affecte l’air de Guillot au IVe acte, ce qui n’est pas grave en soi mais qui est un peu dommage quand on dispose d’un titulaire aussi excellent que Christophe Mortagne, seul francophone de la distribution. Aux côtés de David Pittsinger – enfin une vraie basse en Des Grieux père ! – et de Paulo Szot, qui apporte à Lescaut un incontestable abattage scénique, Piotr Beczala impose un Des Grieux extrêmement châtié, dont le style correspond parfaitement à l’œuvre. Egale à elle-même, Anna Netrebko est reine dans ce rôle de courtisane 1900, mettant au service de Massenet des moyens presque trop imposants (et un suraigu pas toujours très juste), mais avec un sens du théâtre qui lui permet d’incarner jusqu’au bout des ongles les différentes facettes d’un personnage qui aime décidément trop le plaisir et l’or. La soprano vedette du Met, on le sait, assurera une fois de plus l’ouverture de saison avec L’Elisir d’amore, à voir dans tous les bons cinémas le samedi 13 octobre prochain. [LB]
Prochain rendez-vous de la saison du Met HD Live : La Traviata avec Natalie Dessay, mise en scène de Willy Decker, le 14 avril. Renseignements sur cinemapathe.com, cinemagaumont.com ou dans les cinémas participants