Marie-Aude Roux, notre excellente consœur du Monde s’est rendue à Vienne pour rencontrer Anna Netrebko. Actualité oblige, il est moins question d’opéra dans ce passionnant entretien que de géopolitique (on y apprendra néanmoins la couleur du vernis à ongles de pieds de la Diva). Netrebko y revient sur son récit propre de la catastrophe médiatique qui, en l’espace de quelques jours l’a fait tomber de son piédestal ; bannie d’abord de certaines maisons occidentales au titre de son soutien au président Russe pour finir par être chassée des institutions russes au titre de ses réserves sur la guerre. Perdante sur toute la ligne. Car Anna Netrebko a toujours entendu se servir des voies médiatiques comme bon lui semble : avec ce naturel désarmant qui la caractérise. Même quand elle rend hommage à James Levine, le chef émérite déchu du Met, il lui arrive de répondre à des commentaires réprobateurs par des prises de kung-fu dialectiques. Son talent la mettait à l’abri de la vindicte généralisée. Les choses ont changé et Netrebko semble en avoir pris conscience ; se promettant à l’avenir plus de modération discursive et quelques moments de réserve vocale. À ce titre, elle chantera par exemple Alice Ford dans Falstaff.
Le Monde du 23 mai 2022 | Marie-Aude Roux | Anna Netrebko entre les feux de la scène et de la guerre