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Annulation du Festival Berlioz 2020

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Brève
14 mai 2020
Annulation du Festival Berlioz 2020

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« Mais en dépit des chaleureuses sympathies qu’elle ne pourrait manquer d’exciter, sympathies sérieuses, sympathies ironiques, sympathies naïvement scolastiques, en dépit même de toutes les indignations, des obstinées admirations et de la jubilation qu’elle exciterait à coup sûr, cette fête coûterait encore fort cher. […] Hélas ! Hélas ! Je vois bien qu’il faut y renoncer ! ». C’est par cet incipit de circonstance, signé Berlioz, que Bruno Messina annonce l’annulation du Festival Berlioz à la Côte-Saint-André, initialement prévu du 18 au 30 août prochains. Cf. le communiqué de presse reproduit ci-dessous.


ANNULATION DU FESTIVAL BERLIOZ 2020

Depuis le 17 mars, l’espoir de la fête et du partage d’une programmation musicale ensoleillée prédominait : de Béatrice et Benedict à L’Enfance du Christ en passant par Harold en Italie et Les Troyens à Carthage, tout était prêt pour emmener le public, avec Berlioz, sur Les Méditerranées musicales… Mais l’évolution de la pandémie a peu à peu réduit cet espoir, sapant nos accommodements et notre bonne volonté.  Si l’évaluation de l’ensemble des paramètres nécessaires au maintien du Festival et à la sécurité des personnes a été un souci permanent, nous avons longtemps pensé que nous maintiendrions tout de même notre rendez-vous estival à La Côte-Saint-André, l’adaptant au fur et à mesure des consignes et contraintes, repoussant l’annonce de la programmation et l’ouverture de la billetterie, modifiant l’affiche (en clin d’œil au Corsaire et autres flibustiers qui amusaient Berlioz), repensant les lieux et acceptant même de changer telle œuvre pour telle autre, comme Un Bal masqué de Verdi, pour une soirée à thème qui aurait rappelé le respect de Berlioz pour le maître italien et se serait gentiment moquée des masques qui nous sont imposés. Mais tout cela n’a pas suffi… Les conséquences de cette crise sanitaire ont affecté toute la préparation du Festival, bouleversé de manière irréversible l’intégrité artistique de notre programmation internationale (beaucoup d’orchestres et chœurs manquent à l’appel et nous les comprenons) et imposé que nous soyons plus sages que Berlioz souvent ne l’était. Même si nous croyons avec lui que la musique est un bien de première nécessité (comme il l’écrit pour défendre le Théâtre-Lyrique fermé en 1853).   Aujourd’hui, le cœur lourd, notre Conseil d’Administration a constaté que les conditions ne sont plus réunies pour organiser un événement qui avait réuni 38000 spectateurs l’an dernier. Les contraintes de tous ordres et les risques importants ont eu raison de notre enthousiaste obstination. En responsabilité, toutes les parties concernées ont pris acte de cette impossibilité. La fête coûterait fort cher, en organisation, évidemment, car les contraintes modifient tout et multiplient les frais, mais elle pourrait surtout, et c’est là un point qu’on ne peut négocier, coûter la santé de beaucoup d’entre nous si la maladie n’était pas maîtrisée au mois d’août. Le risque de la vie mérite qu’on attende jusqu’à l’été d’après…

Nous pensons bien entendu au public et à nos nombreux bénévoles et nous partageons la tristesse des artistes, des techniciens et de tous les professionnels qui font vivre et vibrer le Festival Berlioz. De reports en indemnités (les uns n’empêchant pas les autres), avec le soutien du Département de l’Isère et de tous les membres de notre EPCC (l’AIDA, qui porte le Festival Berlioz, est un établissement public de coopération culturelle) nous ferons tout pour les accompagner et préparer des lendemains qui chantent.  Nous pensons aussi à nos nombreux partenaires publics et privés, aux entreprises prestataires et mécènes, et à tous les acteurs locaux de l’accueil et du tourisme qui eux aussi participent chaque année à la réussite de ce temps fort de la vie économique locale, départementale et régionale. Car la culture (faut-il de telles catastrophes pour le rappeler ?) n’est pas seulement un facteur de plaisir, de sociabilité, de progrès et d’élévation de l’esprit (ce qui est déjà beaucoup) mais aussi un acteur majeur de l’économie du pays.  Enfin, nous souhaitons témoigner notre soutien à l’ensemble du secteur culturel, particulièrement touché et abimé par cette crise inédite dont les conséquences ne font que commencer. Cet été, la musique de Berlioz ne résonnera donc pas en Isère, à La Côte-Saint-André, hélas, hélas ! Cependant nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous en août 2021 et nous continuerons, d’ici-là, malgré l’incendie, à croire en notre métier et construire avec les artistes le plus beau Festival Berlioz jamais imaginé.  

Quand tout craque et flamboie, si les artistes produisent encore, s’ils restent fermes au milieu de l’ébranlement général, c’est qu’un irrésistible instinct les soutient, les guide et les oblige pour ainsi dire fatalement, à rapporter à l’art toutes leurs pensées, comme les abeilles sauvages, un instant alarmées par les vapeurs ardentes qui obscurcissent l’horizon, retournent cependant toujours, chargées du butin précieux amassé sur les fleurs, vers la ruche élevée au sein d’une forêt que dévore l’incendie. Hector Berlioz, 1840

Bruno Messina, Directeur du Festival Berlioz

 

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