Dans le cadre de la programmation entourant l’Egisto de Cavalli, l’Opéra-Comique avait invité Anna Caterina Antonacci à donner un récital le samedi 4 février, accompagnée au piano par Donald Sulzen. La soirée était divisée en deux parties, l’une italienne, l’autre française, mais avec une frontière plus souple qu’il n’y paraît ; quant à son contenu, le premier volet intitulé « In stile antico » permettait certes d’entendre deux airs dus à des contemporains de Cavalli – un morceau de Cesti, et le Lamento della ninfa, dont la chanteuse ne fait qu’une bouchée – mais surtout des compositions datant de la charnière des XIXe et XXe siècle, où elle trouve à déployer son immense talent de tragédienne : extraordinaire « Sopra un aria antica », de Respighi, admirable « Levommi il mio pensier » de Pizzetti, répertoire dans lequel on rêve de réentendre Antonacci. Les Tosti, plus retenus, impressionnent moins. Après l’entracte, place à la mélodie française, mais sur des textes en italien, plus précisément en dialecte vénitien : cinq des six morceaux composant le cycle Venezia, de Reynaldo Hahn (pourquoi ne pas avoir inclus le dernier, « La Primavera » ? Mystère !), où la soprano se taille à nouveau un franc succès, notamment par ses qualités de diseuse. Une « Invitation au voyage » de Duparc superbement habitée, détaillée dans le français parfait qu’on lui connaît, puis un bouquet de mélodies de Fauré. Si « Au bord de l’eau » enchante, L’Horizon chimérique termine ce récital sur une note douce-amère. Heureusement, Anna Caterina Antonacci accorde deux bis au public en délire (beaucoup de fans, dans la salle, semble-t-il) : la chanson napolitaine Marechiaro et, tirée de la zarzuela La Tempranica de Giménez, « La Tarántula », dans une version nettement moins déjantée, mais peut-être plus musicale, que d’autres récemment entendues… [LB]