Depuis son arrivée à la tête du Metropolitan de New-York, Peter Gelb multiplie les coups médiatiques visant à attirer les généreux donateurs. La qualité artistique n’est pas toujours la priorité, mais l’essentiel est de maintenir l’institution à flot dans un pays où les subventions sont rares et où l’opéra dépend de la générosité des spectateurs, et surtout des plus fortunés. Pour attirer ceux-ci, rien de tel qu’un parfum de scandale (la nouvelle Tosca de Bondy qui fait un bras d’honneur à la vieille production de Zeffirelli), un appel à la vieille Europe (De la Maison des morts dans la production de Chéreau, une réussite artistique cette fois), ou quelques grands noms assemblés sur un titre.
L’Attila de Verdi n’avait jamais été représenté au Met. En habile manœuvrier, Gelb a réuni autour le chef Riccardo Muti qui fera ici des débuts très attendus dans la maison, les architectes Jacques Herzog and Pierre de Meuron (auteurs du stade olympique de Pékin) pour les décors, et pour les costumes Miuccia Prada, la célèbre créatrice de mode italienne.
En rencontrant il y a quelques jours les « extras » embauchés il y a plusieurs mois pour la production, Prada s’est déclarée catastrophée devant certains formes arrondies. « Je ne peux pas habiller des gens comme ça ! », dit-elle, « il me faut des modèles ». Le Met s’est exécuté, renégociant les contrats et partant à la chasse aux anorexiques dont le prix au kilo risque donc d’augmenter à deux mois de la première du fait de cette soudaine demande.
On espère que les solistes ne seront pas touchés par la chasse aux sorcières : Violetta Urmana et Ramon Vargas ne sont pas précisément des poids-plumes. Pour Muti en revanche, pas de souci : les spectateurs du récent Don Pasquale ont pu constater qu’il avait su garder sa taille de guèpe. [PC]