Après Alagna, Villazon ou encore Beczala, c’est à Luciano Pavarotti que l’on fait célébrer le bicentenaire de la naissance de Verdi au moyen d’une compilation de larges extraits d’opéra. A croire que seuls les ténors, qui n’étaient pourtant pas la tasse de thé du maître de Busseto, ont les faveurs du public et donc des maisons de disque. Aucune initiative similaire n’est à relever cette année du côté des sopranos, barytons et mezzo-sopranos alors qu’il y aurait pourtant matière à compiler. Bref, les ténors sont rois et Pavarotti, leur maitre à tous si l’on en juge le luxe du livre-coffret édité par Decca. Le programme puise dans un catalogue bien connu où le meilleur (Un ballo in maschera dirigé par Sir Georg Solti en 1982) côtoie le moins bon (Ernani avec Joan Sutherland en 1987) et le plus discutable (Otello aux côtés de Kiri te Kanawa et Leo Nucci en 1991). De tous les rôles présentés, seul Alvaro de La forza del destino ne fut jamais enregistré et interprété intégralement (par superstition a-t-on prétendu, cet opéra aurait la réputation de porter malheur depuis que le baryton Leonard Warren est mort sur scène en le chantant). C’est la raison pour laquelle le duo du 4e acte capté live à Londres en 1995 retient en premier l’attention. Face à un Leo Nucci impeccable de méchanceté, Luciano Pavarotti donne, en un peu plus de sept minutes, un aperçu de tout ce qu’il peut offrir à Verdi : le métal unique du timbre, la vaillance, la ligne et l’éclat de l’aigu évidemment mais aussi quelques nuances du plus bel effet, indispensables pour animer le propos, une longueur de souffle miraculeuse, l’égalité de la voix sur tous les registres et une spontanéité que l’on ne trouvera chez aucun autre de ses congénères. [Christophe Rizoud]
Pavarotti sings Verdi. Extraits de Aida, Un ballo in maschera, Ernani, La forza del destino, I lombardi, Luisa Miller, Macbeth, Otello, Rigoletto, La Traviata, Il Trovatore, Requiem, Inno dell nazioni – 3 CDs Decca 0289 478 5397 8 3 CDs